Un hiver à Chaumont, sur les bords de Loire, contrairement au Château de la belle endormie, le domaine reste très actif. Depuis le 16 novembre, la photographie est à l’honneur dans le domaine à l’occasion de Chaumont-Photo-Sur-Loire 3e édition. Quelle joie de passer une journée, vitesse éclair en compagnie des artistes Juliette Agnel, Bae Bien-U , Jeffrey Blondes, Manolo Chrétien, Juan San Juan Rebolla, Henry Roy..
Partis tôt le matin de Paris avec Juliette Agnel et Françoise Paviot à l’initiative de cette escapade, nous sommes accueillies par Chantal Colleu Dumond, la directrice enthousiaste du domaine. J’apprendrai un peu plus tard qu’elle a réussi à transformer le nombre de visiteurs de 200000 à 500000 / an et que le lieu s’autofinance à 75%. Elle en a fait en 12 ans, un lieu incontournable de la scène contemporaine artistique sans oublier le festival des jardins. Voilà un acte de décentralisation culturelle exemplaire et réussie : autrefois géré par l’Etat, le transfert du monument à la région a permis de développer une programmation originale et innovante, qui irrigue le réseau culturel local et régional mais draine également les Parisiens et l’international.
Passage obligé devant la pièce d’eau centrale où est placée, plus pour longtemps, la sculpture de Ma Desheng, artiste dissident chinois, vivant en France et un des premiers initiateurs du groupe des Etoiles. Cette sculpture est l’expression de ce mouvement artitisque du premier Printemps chinois, celui de 1979, au moment de la chute du maoïsme rigide et de la politique d’ouverture de Deng Xiaping, matrice également de AÏ Weiwei et d’autres artistes.
Juliette Agnel avait déjà exposé ses Portes de Glace l’année dernière à Chaumont et c’est cette rencontre qui a donné l’idée à Chantal Colleu Dumond qui connaissait très bien le Soudan, d’organiser un voyage pour découvrir un autre monde englouti.
Voyage organisé, Juliette part dans ce désert des pharaons noirs et se retrouve sur ce site mythique Méroé, sur place, elle est portée par le lieu, et se dirige instinctivement vers les vestiges antiques. Elle se retrouve seule devant l’immensité de ce désert, cette solitude participe à la force de son oeuvre.
En 1849 un autre photographe Maxime Du Camp a fait ce voyage qui l’a rendu célèbre, il était accompagné d’un jeune écrivain Gustave Flaubert, à son retour il publie l’album qui a fait sa célébrité «Egypte, Nubie, Palestine et Syrie», contenant 125 photographies.
On est seul, ,on rentre facilement dans les tombeaux avec une lumière qui est installée et on tombe face à des fresques intactes, magnifiques. C’est un choc, Etre là, seule, non pas sur un circuit touristique. Ces fresques ont un bleu très fort avec toujours dans tous les tombeaux, la voute qui représente un ciel étoilé, les étoiles sont très importantes dans les tombeaux car les pharaons se transforment en étoiles après leur mort. Juliette Agnel
Le royaume des pharaons noirs
Elle rencontre l’archéologue genevois Charles Bonnet qui a mis à jour ce royaume des pharaons noirs et qui a servi de modèle à l’auteur de Meroe Olivier Rolin L’énergie qui se dégage de ses tombeaux funéraires est très forte, placés selon des schémas métaphysiques, le site antique dégage une émotion que Juliette ressent très fortement et retranscrit parfaitement sur ses photographies. Les couleurs ocre, le scintillement des étoiles et les monuments s’emboitent harmonieusement sur les images, parfois apparaît une lune.
L’artiste nous explique les prises de vue en plein jour. Cela lui permet d’expérimenter un système de collage, à une première photo dans la journée elle greffe une photo de nuit avec cette multitude de points étincelants. Ces étoiles symboles des pharaons disparus. Une beauté sereine éclate de ces photos, laissant place à notre imagination, nous entraînant dans ce voyage réel, irréel, on ne sait plus, l’artiste a beaucoup aimé Jules Verne, elle a gardé dans sa mémoire les illustrations de ces romans d’aventures. Un monde oublié, sans vie, où le colosse à terre, sculpture inachevée et laissée pour compte depuis des millénaires. Une notion de temps inexistante, le calendrier s’efface, pas un touriste, une sensation d’éternité, d’exaltation s’empare de l’artiste.
Je cherchais à faire un paysage qui ne puisse pas exister Juliette Agnel
La révolution, des rencontres sur place avec de jeunes photographes qui risquent leur vie
Ce qui est extraordinaire, ce voyage à donné lieu à une rencontre avec les photographes soudanais sur place.
Juliette Agnel s’est retrouvée en pleine révolution, il faut savoir que pendant 30 ans la culture, la liberté d’expression étaient interdite, rien n’était possible dans ce pays fermé et également en proie à la guerre civile entre le Nord et le Sud.
Cette révolution a ouvert les portes à la création, l’étape de la Sit-in a été une période ouverte libérant la création, des jeunes photographes risquaient leur vie pour saisir l’image de cet instant historique et la diffuser sur les réseaux sociaux. On se souvient de cette héroïne soudanaise de 22 ans, devenue iconique, au moment de la révolution du printemps 2019, Alaa Salah debout sur une voiture en train d’haranguer la foule face à l’armée, son image a fait le tour des réseaux sociaux. Vêtue et voilée de blanc, ses boucles d’oreilles dorées reflétant les lumières de la marée de smartphones autour d’elle, Alaa Salah est devenue en quelques jours sur les réseaux sociaux l’une des icônes de la révolution, nouvelle incarnation de « la Liberté guidant le Peuple ». Sa silhouette et sa tenue lui ont valu d’être surnommée Kandaka, ou la reine nubienne, en référence aux souveraines ayant marqué l’histoire de la région dans l’Antiquité.
Pour finir au Louvre
En octobre prochain au Louvre aura lieu une exposition sur le Soudan avec le commissariat de Vincent Rondot, Juliette exposera à cette occasion 4 photographies grand format, organisant ainsi un dialogue entre l’Egypte pharaonique et l’antique Méroés.
La visite continue, Chantal Colleu Dumond, maîtresse des lieux nous entraine à sa suite dans un dédale d’escaliers couloirs, là aussi difficile de garder ses repères !
Je découvre une nouvelle série du grand photographe coréen, Bae Bien-U, très reconnu pour ses arbres, mais cette fois-ci la ligne retenue est horizontale, celle des collines coréennes Orums. Il avait déjà présenté en 2014 à Chaumont sa série sur les arbres sacrés. Pour en savoir plus sur Bae Bien-U voir article précédent
Dans une salle je regarde les jardins de Aki Lumi, photographe japonais rencontré il n’y a pas longtemps, The Gaeden N°14, propriété du Domaine.
Chaque pièce du château, des dépendances donne sa place à une création, le domaine contribue à la production d’oeuvres et en contre-partie, l’artiste fait un don d’une oeuvre.
Dans une salle, sont exposées pour la première fois en Europe les anémones de Juan San Juan Rebollar. L’artiste est fasciné par la vie des plantes, qui apparaissent sur un fond noir et donnent une impression figée dans le temps.
C’est le tour de la salle bibliothèque où sont exposées les photos d’Henry Roy qui a réalisé un portrait animiste du domaine. L’artiste était en résidence sur place.
Jeffrey Blondes
Suite de l’histoire avec Jeffrey Blondes qui arrête le temps, un instant contemplatif de 2 fois 12 mn devant cette vidéo panoramique d’environ 7m, sur les bords de Loire.
Le temps n’existe plus pour cet artiste américain installé dans la région, chaque détail, chaque instant, chaque couleur a son importance. Je suis comme fascinée par ce film et je plonge dans les arcanes du fleuve, mais la réalité du temps me rappelle à l’ordre.
Nous terminons par Manolo Chrétien qui photographie la mer, les vagues au ralenti, le résultat donne cette impression de fourrure.
Il est encore temps de voir toutes ces expositions
Il reste quelques jours encore pour voir toutes ces expositions de ces photographes, les vacances de février vous seront-elles propices à une excursion dans le domaine ? Je vous invite à une initiation artistiqueà travers le parc, les arbres, découvrir une sculpture de Penone, rêver devant une installation de El Anatsui, un voyage vers le lointain au bout du Promontoire sur la Loire de Tadashi Kawamata, la Loire, un fleuve énigmatique aux couleurs changeantes comme le désert des pharaons.
Chantal Colleu Dumond créé ainsi, chaque année avec sa programmation, un véritable parcours qui nous conduit à découvrir un nouvel art des jardins, dans un lieu où les créations artistiques miroitent avec le visiteur. Vous êtes invité au dialogue avec les oeuvres, dans un moment rare de découverte où se déploie l’extérieur mais aussi votre espace intérieur.
VISITE EN IMAGES
Charles Durant dit Carolus-Duran (1837-1917) « Princesse Henri-Amédée de Broglie » 1881, huile sur toile Le portrait de la maîtresse des lieux et celui de ses enfants ont rejoint les collections du domaine de Chaumont-sur-Loire en 2018.
Salle à manger du château
Gerda Steiner et Jorg Lenzlinger « Les pierres et le printemps » 2015 – Chapelle du château.
Karine Bonneval « Saccharumania »
El Anatsui – Installation pour le Domaine de Chaumont-sur-Loire, 2015
A partir du 28 mars commencera la nouvelle saison d’art de Chaumont avec de nouvelles oeuvres, installations des artistes :
JOËL ANDRIANOMEARISOA – GIUSEPPE PENONE -PHILIPPE COGNÉE PASCAL CONVERT – MARINETTE CUECO – MAKOTO AZUMA LÉA BARBAZANGES – ISA BARBIER – SOPHIE LAVAUX BOB VERSCHUEREN – MARC NUCERA – VINCENT BARRÉ AXEL CASSEL- WANG KEPING
En 2015, lors de la 2e édition du prix Emerige, je rencontre l’artiste Lucie Picandet. Elle a un univers singulier qui frappe notre premier regard, et marque définitivement les esprits, elle reçoit cette année là le prix Emerige. Pour cette exposition Empiristes elle avait choisi la broderie qui est comme à chacune de ses créations illustre une fiction et sa kyrielle de symboles, ici le fil des pensées passe par le trou la langue et l’envers du tissu marque le territoire des actes manqués.
Artiste & Philosophe
L’artiste touche à tout, une formation aux Beaux-Arts de Paris, mais aussi des études de philosophie et théologie.
Elle dessine, sculpte, brode et écrit, tout en inventant des mots, on ne sait plus ce qui est vrai dans ses représentations qu’elle scénarise. L’écriture est toujours au centre de ses créations, tout en étant des entités à part entière.
C’était l’année dernière à Drawing Now, en lice avec 4 autres artistes dont Damien Deroubaix, qu’elle recevait le prix de ce salon du dessin contemporain pour ses émophones, issus d’une poésie Detterrissages écrite par elle il y a quelques années, c’est l’histoire de six cailloux, oui je les ai vus ! ces derniers lui procurent des émotions émophoniques et à partir de cela elle invente, imagine, écrit des définitions, poèmes et crée six projets à partir de lieux inventés comme le Gouffre du Radamacame.
En effet, le contour hasardeux, accidentel du caillou lorsqu’il devient émophone, vient alors au monde comme pour la seconde fois. Il est alors exactement ce qu’il est. Pas une seule arête, pas une seule saillie, pas un seul plan n’est le fruit du hasard. Sa forme est alors aussi connue, attendue, codifiée qu’une icône orthodoxe. Comme elle, il revient de l’infini et tout de lui est déterminé. Il en est de même pour le nom du caillou qu’il suffit de prononcer une fois pour le faire passer du néant à quelque chose. Telle est la magie de la parole donnée et pourquoi elle ne peut valoir que pour la vérité. Lucie Picandet
Lucie Picandet – Le Soir du poulpe – Drawing Lab 2020
Drawing Lab : le soir du poulpe
Je la retrouve fin janvier à l’occasion du vernissage de sa nouvelle exposition Le soir du poulpe au Drawing Lab, ce centre d’art privé est dédié au dessin contemporain, il a été créé en 2017 par Christine Phal, mécène du dessin contemporain et fondatrice de Drawing Now Art Fair, il est installé au Drawing hôtel, situé juste à côté de la place Colette, là où se trouve un autre temple des mots, celui de Molière, la Comédie Française.
Le soir du poulpe – Drawing Lab
Cette exposition intitulée Le soir du poulpe est aussi un projet de court-métrage, tout est prêt l’histoire, story-board, les images. Lucie Picandet est une artiste qui construit un monde avec des nouveaux mots, des lieux improbables, des drôles d’animaux, ses envoyés spéciaux, les agents émophoniques.
Envoyés très spéciaux
,Agent Saveur : agent émophonique saxiphrage qui perce la pierre en affinant le silence qui isole les expériences d’Hui mal acquises pour en exalter le goût, jusqu’à la connaissance intime du nom des choses. Définition de Lucie Picandet
à droite : « Agent chaleur, cuiseur gratttant – AES cuisinant gratinant calcinant… »
A gauche : « Agents mouleurs, cousins des acousticots, ces agents émophoniques , saxiphages percent la pierre à force de fluide lacrimal. Ils se fondent dans les émotions… »
2019
Aquarelle et gouache sur papier.
Pourtant, une sensation étrange nous retient dans son monde à part, une sorte de reconaissance, comme si ces mots, ces figures, ces couleurs nous étaient familiers. Emophone, ce mot me parait très clair, je le chercherais volontiers dans un dictionnaire. Dans le dictionnaire le mot phone est une unité de mesure de l’intensité des sons et des bruits que perçoit l’oreille, très logique, je comprends son mot comme une intensité auditive qui procure une certaine émotion.
Soladumakché huile sur toile 200×210 2020
L’écriture + la peinture
« Je fais des images jusqu’à ce que quelqu’un veuille bien m’éditer, jusqu’à ce que quelqu’un comprenne que j’écris. «
Cette phrase, c’était avant, car depuis quelques mois Lucie utilise des sticks à l’huile qui lui permettent de peindre sur des grandes toiles, elle a trouvé l’énergie de faire cohabiter écriture et peinture.
Le texte est lié directement à toutes les mains que vous verrez dans l’expo, elles sont pour moi des paroles, elles font le geste de donner leur parole. Comme un mot qui n’a pas de définition, c’est comme si ce mot ne représentait rien d’autre que lui-même et c’est comme une parole donnée, comme un acte. Lucie Picandet
Exposition Lucie Picandet Drawing Lab
Des mains sculptées sont placées un peu partout dans l’exposition, comme des totems, l’artiste explique qu’elles matérialisent selon ses mots « la parole acte ».
L’aventure
Un univers à part, onirique où nous suivons les aventures des agents vouleurs, les couleurs sont vives, fortes , on se laisse prendre au jeu de ses poésies, de ses mots qui surgissent d’on ne sait où et pourtant, ils trouvent là toute une cohérence, et nous laissent cette impression, comme si leur existence était une évidence. Un monde à part qui me fait penser sur certains aspects à celui de JRR Tolkien.
Une artiste étonnante qui nous entraine dans cette histoire de mollusque aux longues tentacules qui emprisonneraient nos pensées, quelle idée !
Storyboard
Porcelaines
Extrait poème
Il reste encore quelques jours pour découvrir ce monde onirique de la jeune artiste, dans ce lieu si chaleureux dédié aux artistes et voyageurs.
Les nominés du prix Drawing Now 2020
La nouvelle édition Drawing Now approche, et aura lieu comme chaque année au Carreau du Temple du 26 au 29 mars 2020. Carine Tissot, la directrice du Salon nous dévoile la liste des nominés pour le prix de cette année sont : Nicolas Daubanes, Odonchimeg Davadoorj , Mathieu Dufois, Delphine Gigoux Martin et Julien Tiberi.
Née en 1982 à Paris (France) Vit et travaille à Fontainebleau (France) EXPOSITIONS PERSONNELLES 2018 Au jour d’Hui, Galerie GP & N Vallois, Paris, France 2016 Idiose, Galerie GP & N Vallois (Project Room), Paris, France 2011 L’Endroit, Alb Antiquités, Paris, France 2007 Tic-Tac, Galerie des Beaux-Arts, Paris, France 2006 Qu’est-ce qu’une comète ?, Galerie des Beaux-Arts, Paris, France EXPOSITIONS COLLECTIVES 2018 Formes d’Histoires, commissariat : Eric Degoutte, Les Tanneries Centre d’Art Contemporain, Amilly, France Les Mains sans sommeil, commissariat : Gael Charbau, Le Forum, Tokyo, Japon Voyage au centre de la Terre, commissariat : Jérôme Sans, Résidence Emerige, Paris, France 2017 Contre-allées, commissariat : Alain Bublex Galerie GP & N Vallois, Paris, France Les Mains sans sommeil, commissariat : Gael Charbau, Palais de Tokyo, Paris, France 2016 Heroes, commissariat : The Drawer, Galerie GP & N Vallois, Paris, France 2015 Empiristes, Villa Emerige, Paris, France Métamorphoses, Galerie Alb Antiquités, Paris, France Exposition collective, Musée Bernard-Boesch, Le Pouliguen, France 2014 Artist Residency, parrainée par Jean-Michel Alberola, Fondation d’entreprise Hermès, Pantin, France 2013 Dessin 13, Atelier Richelieu, Paris, France 2012 Broderies, Halle Saint-Pierre, Paris, France 2011 Maisons parisiennes, exposition collective, Hôtel Plaza Athénée, Paris, France 2010 Echantillons, IMOCA, Irish Museum of Contemporary Art, Dublin, Irlande 2009 Au lit avec mon Artiste, association Dernier Avertissement, Paris, France 2008 Exclusive Dream, Les Hauts du Ru, Montreuil, France Etats des lieux, Paris, France Le cheval de Troyes, CAES, Ris Orangis, France Panorama de la jeune création, Biennale d’art contemporain, Bourges, France 2006 Un carton comme un abri, Espace Château-Landon, Paris, France RÉSIDENCES/PRIX 2018 Résidence atelier Emerige, Paris 2015 Prix Révélations Emerige, Paris 2014 Résidence Manufactures Hermès, parrainée par Jean-Michel Alberola, Pantin, France PUBLICATIONS 2016 Dalle du Lad, poème en mots nouveaux, éd. Noitides, GGPNV
Vladimir Velickovic (1935-2019) Le grand style et le tragique. Fonds pour la culture Hélène & Edouard Leclerc
Landerneau, depuis le 15 décembre rend hommage à cet artiste serbe si singulier Vladimir Velickovic, décédé en août 2019, juste avant cette rétrospective d’une centaine d’oeuvres. Un artiste qui pourrait avoir comme le rappelle le commissaire de l’exposition, Jean-Luc Chalumeau cette phrase de Nietzsche : « le grand style consiste à mépriser la beauté petite et brève ».
Vue d’ensemble
Une rétrospective Velickovic qui permet de brasser son travail créatif. Un artiste, sombre et puissant, presque « goyesque », qui a traversé les drames du XXème siècle, qui ont inspiré sa peinture.
Le spectateur est saisi par ses écorchés, ses corbeaux et ses paysages comme ravagés par une horde sauvage ou une guerre fratricide, sans fin. Bien sûr, il est tentant de rapporter ces grands formats sauvages à l’histoire personnelle et familiale de Vladimir Velickovic, artiste né en 1935 dans un royaume de Yougoslavie déjà en proie aux violences nationalistes entre Croates et Serbes. Les prodromes de la seconde guerre mondiale, puis la guerre qui a déchiré l’ex-Yougloslavie (1992-1995) après l’intermède faussement tranquille de Tito, semblent en apparence avoir imprimé leur marques dans le style de Vladimir Vélickovic mais le spectateur a d’autres impressions qui remontent à la surface, au-delà de ce rapprochement évident.
Velickovic – Vue d’ensemble de l’exposition – Fonds Hélène et Edouard Leclerc
Cette exposition est centrée autour d’un de ses chefs-d’oeuvre, « Grünewald« , une crucifixion inspirée du retable d’Issenheim peint par Matthias Grünewald vers 1515 et qui se trouve à Colmar. Son Christ montre toute l’horreur et la peur du supplice infligé et en même temps une force terrible de ce corps mis à nu, à la lumière de tous, le visage est effacé, les mains sont offertes vers le ciel, les couleurs noir, rouge et blanc renforcent le sentiment dramatique de l’oeuvre peinte en 2004.
Les années suivantes il continue à peindre ce sujet, sur ces crucifixions apparaissent les corbeaux, ailes déployées, aggravant cette impression d’effroi. L’artiste peint très souvent ces oiseaux funestes qui apparaissent sur des fils barbelés, dans des mises en scène sinistres, noires, dans des champs aux couleurs grises, marrons, un paysage de miradors et de camps de concentration.L’artiste aime ces animaux de mauvais augure, les rats aussi sont une source d’inspiration et se retrouvent sur ses grandes toiles, comme dans les scènes d’accouchement. Cette obsession esthétique du rat se comprend : le rat est l’espèce sociale la plus proche de l’homme, à la fois attirante et répugnante. Capable de construire des sociétés organisées, vivant en symbiose avec l’homme, le rat nous est proche mais il symbolise aussi l’abjection, l’infection tout en étant notre miroir. Les compositions de Velickovic s’en inspirent comme elles reposent sur la dualité claire et obscure de l’humanité.
« Grünewald » 2004, huile sur toile 210 X 150 cm coll.part. A droite / « Grünewald » 2015, huile sur toile. Coll. part.
Velickocic joue sur nos peurs les plus profondes, la nuit noire, des gris le rouge sang, sont les déclinaisons de couleurs de l’exposition sauf la première salle, trois peintures de 1968 sont des explosions de couleurs.Elles sont en effet surprenantes et viennent rompre un exorde, un « introïtus » constitué par des oeuvres de jeunesse (1954). Colorées, vives, vivantes, un triptyque de couleur reflète le printemps et la gaieté de la jeunesse de 1968. Ses tableaux ressemblent à des panneaux de foire, avec un visage grotesque en trumeau, une invitation à rentrer dans un grand 8 ou une montagne russe de fête foraine. On ne peut s’empêcher de penser à James Ensor et au carnaval mais cette parenthèse enchantée va se refermer : peu d’explications sont donnés sur cette explosion de couleurs qui ne se reproduit pas dans le cours de l’exposition.
1968 – Série de 3 toiles.
Quelle vie d’artiste passionnante, celle de la figuration narrative, ces rencontres avec tous les autre peintres de ce groupe, dont Eduardo Arroyo, que nous pouvons retrouver à la Maison de Balzac en ce moment avec son interprétation de la Comédie Humaine.
Il était aussi proche de Zaou Wou Ki, même si ils avaient des conceptions très différentes, l’un étant maître de l’abstraction. Je ne peux m’empêcher de penser à Bacon en regardant ses séries, certaines similitudes sur les couleurs, les thèmes , je dirai plus sexuelles pour le peintre anglais en comparaison aux atrocités que dépeint l’artiste serbe, témoin dès son plus jeune âge des horreurs de la guerre.
Vladimir Velickovic est ainsi un artiste d’un groupe, d’un mouvement, qualifié de « Figuration narrative ». Cette tendance artistique a été éclipsée par le Pop Art et l’art américain, qui prend progressivement sa domination sur le marché de l’art, aidé en celà par les institutions américaines et un réseau de marchands entreprenants. Il faut savoir gré à Velikovic d’être resté fidèle à l’Europe la matrice de son parcours et à Paris. Quel aurait été son destin s’il avait migré vers New York et si son travail avait été pris en charge par le galeriste Léo Castelli ? Ce mouvement est d’abord une « bande » de copains : une photographie réunit le trio Antonio Segui – Vladimir Velickovic – Gérard Titus-Carmel en 1967 à Arcueil. A nouveau, en 1981, une photo de groupe devant la galerie Maeght-Lelong, avec Erro, Valerio Adami, Pol Bury, Pierre Alechinsky, Antonio Saura et Gérard Titus-Carmel, avec Vladimir Velickovic. Ce mouvement figuratif, critique de la société moderne, de consommation et de croissance, a eu les ors du Grand Palais dans le cadre de l’exposition RMN-Centre Pompidou lors de l’exposition « Figuration narrative 1960-1972 ». Ce n’est pas tant l’unité de style qui en constitue l’élément fédérateur que la volonté de transformation sociale par l’art et la réappropriation critique des objets de la vie quotidienne, au-delà de la neutralité de la seconde école de Paris ou de la distanciation ironique et complice du Pop Art américain. A dire vrai, Vladimir Velickovic ne s’intègre pas parfaitement dans cette description canonique de la Figuration narrative : il est considéré comme faisant partie de la figuration narrative, ce qui rétrospectivement laisse perplexe. Ses créations sont loin d’être sereines et s’inscrit plutôt du « côté obscur », du « fantastique gothique » du mouvement. Si l’auteur de l’article peut s’autoriser un cliché, ses origine serbes et balkaniques y sont peut-être pour quelque chose comme son enfance dans la Yougoslavie martyr de la seconde guerre mondiale, déchirée par l’occupation allemande et les guerres fratricides entre les partisans (serbes) du général Mihaïlovic, les maquisards communistes menés par Tito et les Oustachis fascistes du croate Ante Pavelic. Peu importe d’ailleurs, car les grands formats de Vladimir Velickovic ont une puissance picturale, une force esthétique, qui ne laissent pas indifférents. Pour paraphraser Victor Hugo et Baudelaire, c’est une sublime horreur, une horreur délicieuse ou la beauté par la laideur.
« Sans nom » 2001 Huile sur toile 56 x (60 x 46 cm) soit 240 X 644 cm (2 panneaux) coll. part.
Velickovic ne cesse de témoigner crument des supplices, du pire de l’être humain.. Bien sûr, les « malheurs de la guerre » de Jacques Callot, série de gravures portant sur la guerre de Trente Ans, ne sont pas exposés mais apparaissent en filigrane dans l’esprit du visiteur. Les écorchés, les suppliciés et les tortures semblent être l’oeuvre d’un soldatesque sauvage, ayant perdu le sens de l’humanité. La frise des énucléés, composition de plus de 7 mètres de longueur, « Sans Nom » (2001), suscite bien sûr le malaise mais la volonté de l’artiste n’est pas seulement de susciter l’horreur mais aussi la réflexion critique sur ce mélange, au sein de l’homme, entre la sauvagerie brute et l’éthique. C’est l’exemple du « mal que l’homme peut faire à l’homme ».
La douleur, si présente, est sublimée avec la série conscacrée à la Crucifixion du Christ, inspirée du retable d’Issenheim de Grünewald. Il y a un imaginaire gothique dans cette réflexion de Velickovic sur la Passion du Christ. A l’inverse de son modèle, c’est le corps supplicié du Christ qui attire Velickovic, le décor et les témoins présents disparaissant dans la représentation. Ainsi est mis en avant un corps crucifié, décharné, une Piéta debout, sans la Vierge éplorée, dans la nudité de la souffrance. Les paroles de l’évangile de saint Jean font écho à la composition : « le Verbe s’est fait chair ».
« Eléments Fig II » 1974 (détail)
C’est un grand dessinateur du mouvement, celui du corps humain, ou encore du lévrier nous entrainant dans la vitesse de sa course. Deux grands formats de chien en course, des lévriers lancés et lestés de tous leurs muscles, se font face, comme de grands landscapes américains. Des signes caballistiques, des indications d’échelle et de vitesse, comme des bandes chromatiques viennent illustrer ces grands aplats. Le commissaire de l’exposition, Jean-Luc Chalumeau, fait le lien avec Eadweard Muybridge, le père de la « zoopraxographie », l’animal en mouvement. Le rapprochement se fait également avec les illustrations de Pol Bury, pour la « Théorie de la démarche » de Balzac, exposées à la Maison de Balzac en 1992. Pol Bury est un compagnon artistique de Vladimir Velickovic au sein de la Figuration narrative. On saisit mieux l’intérêt de Velickovic pour le mouvement, la marche, la dynamique, qui saisit toujours un instantané dans ses compositions, avec un angle et un regard quelque peu désaxés, sinon fuyant. C’est un être de chair, un peu sanguinolent, qui s’échappe par une porte dérobée. Est-il victime ou bourreau, en s’enfuyant ainsi d’une salle de torture où gisent encore les instruments, les « outils » dirait-on … L’obsession des crochets, des crocs de boucher, apparaît également. Là aussi, quelques réminiscences surgissent dans l’esprit du visiteur : des photos prises à la dérobée, sur des places de village, en noir et blanc, où sont exposés des suppliciés, devant des soldats en armes, en Europe occupée, et des enfants, parmi eux, peut-être Vladimir Velickovic… Jacques Callot toujours mais aussi les atrocités nazies dans l’Europe centrale et balkanique, le tableau « Homo Homini Lupus (Le pendu) », peint par Georges Rouault ou les suppliciés de Tulle en 1944.
« Crochet » 1991 (détail)
« Crochet » 1991 Coll. Part.
Cette décomposition de la vitesse date de 1972 : année très technologique comme aujourd’hui. Celle d’une foi dans le progrès mais aussi des inquiétudes sur la finitude de nos ressources (le Club de Rome publie cette année là son rapport, « The Limit to Growth » ou rapport Meadows). Il y a un aspect très laboratoire dans ces compositions de Velickovic qui inquiètent : l’accouchement, la maternité sont loin d’être naturels. La technologie, la mécanique envahissent l’image, la souffrance et la douleur aussi. Alors que le clonage et la procréation médicalement assistée sont anachroniques en 1972, les matériaux réunis par Velickvovic pour peindre un accouchement (dans la série « Eléments et documents utilisés ») sont anticipateurs d’un monde où la technologie remplace les sentiments. Cette même année, George Lucas avec « THX 1138 », décrit une société totalitaire où la différence des sexes est gommée, dans un univers monochrome blanc, avec une humanité sous sédatifs à la sexualité totalement contrôlée. Le rapprochement semble évident : la bestialité ou la robotisation sont les deux fléaux qui nous menacent.
Dans un article nécrologique qui lui est consacrée, Harry Bellet note, avec humour, la relation distanciée sinon critique que suscite cet artiste si singulier parmi les conservateurs et directeurs d’institutions. Il note également que les rétrospectives sont rares en France et dans des lieux dont la dénomination semble ironique.
« Velockovic dérange : la seule exposition dans un lieu public d’importance qui lui fut consacrée de son vivant en France fut fin 2011 – il avait 76 ans ! – à Toulouse, dans un musée au nom prédestiné, Les Abattoirs (une deuxième eut lieu en 2015 à Issoudun, au Musée de l’Hospice Saint-Roch !). Car sortir d’une visite à Velickovic, cela laissait à certains l’impression d’avoir croisé un équarrisseur doublé d’un philosophe tendance stoïcienne. L’homme était pourtant d’une courtoisie extrême, attentif aux autres, et loin de manquer d’humour. Mais ses tableaux… » (Le Monde du 2 septembre 2019).
« Corbeaux » 2006 (détail) huile sur toile coll.part.
C’est rendre justice à l’artiste que la rétrospective de la FHEL dont la raison d’être est de s’attacher à renouveler notre regard sur la figuration narrative. Après Gérard Fromanger, Jacques Monory, Hans Hartung, Vladimir Velockvic reçoit les honneurs de l’institution de Landerneau, à l’extrême Ouest, dans la pointe du Finistère. Comme souvent, la fondation Leclerc est à la pointe du mouvement alors que, parallèlement, le centre Pompidou expose Gérard Fromanger, Hervé Télémaque, Martial Raysse, en attendant un jour peut-être Bernard Rancillac. Il est temps de redécouvrir des artistes qui ont interrogé, provoqué, critiqué et transgressé le confort bourgeois qui avait encore un sens dans les années 50 et 60, avant que Mai 68 fasse éclater le corset de la France du Général de Gaulle. Notre modernité du XXIème siècle est issue de leur transgression, ce qui leur confère une actualité encore plus brûlante.
Depuis que je vis à Genève, j’ai découvert la richesse de la scène Artistique Suisse, qu’elle soit des siècles passés (Vallotton, Hödler, Koller, Giovanni Segantini, etc…) ou Contemporaine. Au fil de mes visites de Musées, galeries et ateliers d’artistes, j’ai constaté à quel point ce pays est un vivier d’Artistes talentueux qui marquent notre époque. Certains ont gagné une renommée internationale tels John Armleder, Olivier Mosset ou Sylvie Fleury, d’autres mériteraient d’être davantage présentés hors des frontières Helvétiques.
L’exposition du Fonds cantonal d’art contemporain de Genève, au siège de la Société Générale de Genève, regroupe des artistes d’aujourd’hui, autour du thème de l’abstraction. Une excellente opportunité, pour moi, de vous donner un aperçu des quelques talents Suisses contemporains, à suivre de près!
Celui que tout le monde connait, John Armleder (né en 1948)
Figure emblématique de sa génération, Armleder explore l’abstraction en détournant les matériaux ordinaires, avec humour et dérision. A la fin des années 60, il prend activement part au mouvement Fluxus, dont l’idée est de supprimer toutes frontières entre l’art et la vie et de mettre en scène les éléments du quotidien . Il fonde le groupe Ecart à Genève, mouvement alternatif proche de Fluxus qui devient le point d’entrée en Suisse de toute une communauté internationale d’Artistes de l’avant garde des années 70. L’oeuvre du FCAC présentée dans cette expo est un triptyque de ses jeunes années, abstrait et sobre, portant le titre déroutant « Here comes my Face »…
Plus récemment, dans un style dynamique et pop, Armleder se plait à mélanger paillettes et couleurs vives dans des coulées de vernis à ongles sur de l’acrylique … j’adore!!
Divino 2019 (détail), David Kordansky Gallery, Photo Julien Gremaud
Caricature de la société de consommation par Sylvie Fleury (née 1961)
Sylvie Fleury, Eye Shadows, acrylique on canvas on wood, Courtesy Vogue magasine
Dans les années 90, Sylvie Fleury se lance dans ses premières installations artistiques en utilisant, répliquant ou déformant les éléments les plus emblématiques des marques de luxe. Ces objets chéris qui nous fascinent et nous obsèdent tant! Parmi ses plus célèbres créations, ses shoppings bags- sa première oeuvre exposée-, ses maxi couvertures de magazines de mode , ses chaussures « high heels » très fétichistes ou encore ses palettes géantes de maquillage. Pour l’exposition du FCAC , le thème étant à l’abstraction, c’est une oeuvre pastiche inspirée par Buren – « The Eternal Wow- que nous découvrons. Les lignes verticales reproduites à l’identique s’ouvrent par endroit en courbes suggestives toutes féminines, dans l’interprétation de l’Artiste.
Quittant sa Suisse natale, O. Mosset s’installe à Paris en 1965. Il y rencontre Buren, Parmentier et Toroni avec lesquels il forme le groupe BMPT. Ce mouvement s’attache à se concentrer sur le « degré 0 » de la peinture et fait table rase de tout le reste. Les créations de l’artiste sont des formes minimalistes et des monochromes. Son travail est également très imprégné de la peinture américaine (Stella, Rymen, etc..) dans laquelle il s’immerge, lors de son installation à New York, dans les années 80. Aujourd’hui, Le FCAC nous présente une très belle pièce, Sans titre (Tondon bleu), des années 1999-2000. Un vibrant monochrome bleu cerclé d’un cadre métallique rose. Son exact opposé se trouve au Centre Pompidou de Paris. Actuellement, le MAMCO de Genève consacre une grande rétrospective à cette figure emblématique de la peinture abstraite d’après-guerre.
Mon coup coeur de l’exposition va à cette oeuvre de Philippe Decrauzat. L’artiste puise son inspiration formelle dans l’art optique qu’il nourrit de références à la culture populaire (cinéma, musique, etc..). Dans cette oeuvre, les incurvations des lignes et la découpe de la toile perturbent notre perception visuelle de l’espace. Cette fleur hypnotique semble prendre du relief et son large coeur noir donne une impression vertigineuse.
Les jeux de mots et de formes de Christian Robert-Tissot (né en 1960)
Lettres, mots, expressions, slogans…. le langage au sens large est le champ d’expression artistique de Christian Robert-Tissot. Au delà de la nature des mots, il s’attache à travailler leur aspect formel, leur couleur, la forme de leur support afin de leur donner un sens précis. Ici, le mot « Essay » est la traduction en anglais de dissertation. Cependant, la toile coupée laisse penser qu’il manque la lettre « e » pour faire en Français « essaye ». Le jeu de mots de cette oeuvre apparait comme un clin d’oeil à un « essai non abouti ».
Abstraction géométrique et couleurs vives de Christian Floquet (né en 1961)
L’obsession de la géométrie, la rigueur de ses formes, les aplats sans trace de matière, qui jamais ne se chevauchent mais semblent s’emboiter l’un dans l’autre, et toujours 2 couleurs, vives, pas une de plus… tels sont les fondamentaux du processus de création de cet artiste. Mais à cela il faut ajouter l’asymétrie et les diagonales qui donnent toute l’aspérité et la force à son travail. Très belle oeuvre proposée dans cette exposition.
Les « vibrations » visuelles de Stéphane Dafflon (né en 1972)
Stéphane Dafflon élabore, en premier lieu, des oeuvres digitales à l’écran, puis il les retranscrit en peinture sur la toile ou le mur. Lorsque l’on s’approche de l’une d’elle, les traits se floutent, les alignements se décalent créant ainsi une vibration, comme un son, entrant en résonance avec l’environnement dans lequel il se trouve. Ici, L’oeuvre me donne une impression de rythmique très musicale…. pas étonnant pour cet artiste passionné de musique!
Les panneaux massifs et modernistes d’Emilie Ding (née en 1981)
Dans ces oeuvres, Emilie Ding aime travailler les matériaux brut tels que le ciment, le béton ou le bois et les structures massives. Elle y associe des formes abstraites graphiques évoquant les motifs modernistes. Ici sculpture et dessin s’associent en deux grands panneaux. Le ciment poreux absorbe la matière noire du dessin de façon inégale, avec des coulées de matière et des variations de la densité du noir. De ces monolithes de ciment aux motifs abstraits, se dégage une puissance saisissante.
Organisation et commissariat de l’exposition: Diane Daval (Directrice du FCAC) et Katie Kennedy Perez (fondatrice de Artflow).
Dans la suite de nos visites d’ateliers, Florence et moi avons eu la chance d’investir celui d’un artiste qui m’est cher Rencontré il y a quelques années, Damien Deroubaix n’est plus à présenter ; son travail fait désormais partie de nombreuses collections de musées nationaux, ainsi que de collections privées.
Installé dans le bâtiment art nouveau classé « la Ruche », construit par Gustave Eiffel puis sauvé et reconstruit par Boucher pour les artistes de l’Est « sans le sou » dans les années 1910, parmi eux : Marc Chagall, Ossip Zadkine, Chaïm Soutine, Modigliani et aussi Fernand Léger, Marie Laurencin. Plus tard, dans les années 70, c’est au tour de Gilles Aillaud et Eduardo Arroyo et Ernest Pignon Ernest.
« Baum 6 », huile et collage sur toile, 200 x 150 cm, 2020 – en cours de réalisation
Ce lieu abrite aujourd’hui entre autre André Barelier, le bronzier de César, Arman et Balthus ; ainsi que Léonard Léonardi, le mozaïste de Chagall et Léger. La Ruche appartient aujourd’hui à la Fondation Seydoux et abrite une quarantaine d’ateliers. Damien a été coopté par Ernest Pignon-Ernest et occupe l’atelier/loft de Eduardo Arroyo.
L’une des particularités de l’artiste est qu’il est venu à la peinture tardivement. Jeune il ne savait pas que l’art existait. A 18 ans, au cours d’un voyage organisé à Arles à l’occasion d’une exposition Picasso, il a une révélation devant une tapisserie de Guernica. Il s’inscrit alors dans une école d’art et fait l’école des Beaux-Arts de Saint Etienne. Damien revendique le fait qu’il s’est fait tout seul en apprenant l’art dans les musées.
Destructeur : tel un boulimique, il « mange», digère et ressort tout de façon personnelle. Manet disait « lorsque j’ai les mains dans les poches, je croise les doigts de milliers de peintres ». Il n’a de cesse d’avoir des discussions de peintre. Il fréquente les musées, « déconstruit » les tableaux des grands maîtres pour mieux comprendre leurs techniques. Il travaille le dessin, la gravure, le verre, des matériaux qui le ramènent à la peinture.
Un temps germanophile, il a expose depuis, au Musée des Sable d’Olonnes, à la Fondation Maeght à Saint Paul de Vence. Il a récemment investi le Musée d’art moderne de Saint Etienne, ainsi que celui de Strasbourg et celui de Nottingham. Il a été choisi pour exposer quasi en solo en novembre prochain à l’occasion de la réouverture du Musée de la Chasse. Le thème choisi « la valise d’Orphée » intégrera dans son travail une collection d’amulettes d’un collectionneur antiquaire libanais.
« La façon de s’exprimer du peintre, ce n’est pas la parole mais la peinture. La peinture est un langage. » Damien Deroubaix
A gauche : Wunder der Natur 28.II.20 huile et collage sur toile 24 x 33 cm 2020
Constructeur et Inventeur : les grands thèmes de Damien sont la vie et la mort, le déjeuner sur l’herbe, la muse, la guerre, la maternité inspirée notamment de la plus vieille sculpture du monde appelée la Vénus de Hohle Fels en ivoire de mammouth. On retrouve dans son travail d’autoportraits les obsessions de l’artiste représentées par des animaux et scènes inspirées notamment de Goya et le tigre de Delacroix. On semble identifier dans sa série de nus de femmes et hommes inventés, les corps de Moore et Rodin. Il s’inspire de l’histoire de la peinture mais aussi des images, vidéos, photos traquées et prises sur le net, telle la sèche symbolique de la coloriste.
« les Damnés 1 », 2017 Eau-forte, aquatinte et pointe sèche sur papier Hahnemüle – Édition à 35 exemplaires Signée, datée et numérotée par l’artiste – 77 x 113 cm – Réalisée à l’atelier René Tazé par Bérengère Lipreau, Paris
Assembleur : l’arbre découvert dans « la pisseuse » de Rembrandt, auréolé des couleurs bleue et verte si extraordinairement composées devient un élément central de ses œuvres. Damien travaille en parallèle une série intitulée « les merveilles de la nature ». Il reprend jusqu’à l’épuisement certains motifs, tels que le serpent, le champignon, le crapaud, l’œil, le feu. Ces éléments sont gravés sur bois ; il les imprime sur du papier japonais, puis il compose et les intègre par un procédé de collage au tableau.
En dehors de la peinture à l’huile, Damien a la particularité de peindre des grandes aquarelles sur papier.
Damien Deroubaix est installé depuis 1999 à Paris. Fabienne Leclerc de la Galerie In Situ s’occupe de lui. Ils sont installés depuis peu dans un nouveau complexe dédié à l’art à Romainville. Damien y fait la première exposition personnelle de la galerie. Allez le voir, il expose jusqu’u 21 mars prochain.
Allez voir également les 7 vitraux qu’il a créés grâce à un long travail intellectuel et une formation dans l’atelier du vitrail de Limoges et qui sont installés dans l’Eglise romane de St Eloy-les-Tuileries dans le Limousin.
Damien exposera également au Printemps 2023 à la Bibliothèque Nationale de France (BNF) à Paris et au Fonds pour la culture Hélène et Edouard Leclerc à Landerneau.
Un poème de Rimbaud qui a aussi inspiré Agnès Varda en 1957, elle en a fait un film sur les châteaux de la Loire avec comme actrice Danièle Delorme. Des mots qui n’ont pas manqué de toucher l’artiste Alain Séchas, pour cette exposition qui a lieu dans cette demeure donnée par les soeurs Smith Champion à la ville de Nogent sur Marne, aujourd’hui devenue le MABA Maison des Arts Bernard Anthonioz, qui jouxte la maison de retraite des artistes gérée par la Fondation nationale des artistes, ancienne FNAGP.
Alain Séchas « Ô Saisons, Ô Chats ! »
Un poème, une exposition
Et bien-sûr ce titre du poème que l’auteur a aussi appelé Bonheur est devenu pour Alain Séchas Ô Saisons, Ô Chats !, il fallait s’y attendre !
C’était avant le confinement
Une exposition que j’ai pu visiter avec l’artiste, un vrai dimanche, promenade, déjeuner dominical dans un lieu entouré de verdure. Un souvenir qu’on aimerait vite retrouver après ce confinement que nous a contraint ce monstre de virus.
Alain Séchas – Un dimanche avant…
Dimanche matin à Nogent sur Marne
Alain Séchas, on le connaît, ses chats, ses couleurs, ses installations, nous surprennent, nous amusent et nous interpellent. Attendu, il est souvent inattendu, on traverse les pièces du musée comme on regarderait un film. Le pitch pourrait être une histoire d’art, les acteurs les chats, le lieu un château autour d’un parc et le temps : les saisons. Le ton est donné : dérision, humour et mélancolie. Chaque pièce dévoile une scène, on avance et on découvre les surprises du peintre. Au commencement, il était une fois un couple de chats…
Avec Alain Séchas – Maison des Artistes Bernard Anthonioz
Le pitch
Sur quelle planète ? On s’engage sur les chemins de la peinture, suivant à la trace des créatures élancées aux longues jambes, un sourire qui se transforme au fil du temps, parfois rappelant étrangement celui de Munch. Les journées passent au fil des saisons, une porte s’ouvre sur une surprise, ses chats disparaissent, la peinture devient abstraite au profit des titres je découvre alors Pompéï et Mire, deux toiles avec juste des couleurs primaires. Je n’avais pas imaginé à quel point la peinture pompéienne s’approche de la peinture abstraite et géométrique de Mondrian. Alain Séchas a l’art des rapprochements, entre l’antiquité gréco-romaine et la mire de l’ORTF : c’est le propre d’un artiste inclassable, cultivé, normalien de l’ENS Cachan (aujourd’hui sur le plateau de Saclay), comme sa femme Katia, et qui a évolué selon son rythme et sa culture propres, sans rien concéder à l’air du temps.
Bio
Alain Séchas a commencé sa carrière en tant que professeur des arts plastiques (on disait hier professeur de dessin), dans l’est, en Lorraine, dans la vallée des aciéries où les noms de villes font penser à Melle de Fontanges, la première maîtresse de Louis XIV, dans les bras de laquelle il s’est plongé pour lui faire oublier Marie Mancini. Il raconte cette première expérience, en 1981, après l’élection de François Mitterrand, en Lorraine, terre du socialisme d’Epinay. Installés à Metz, comme jeune couple d’enseignants, Katia et Alain Séchas content leur fascination pour les hauts-fourneaux, éclairés la nuit, la sidérurgie fonctionnait alors 24 h sur 24, dans la vallée de la Fensch. A l’écouter, l’auditeur ressent l’impression de la lecture de la Guerre des Mondes de H.G. Wells, avec des êtres géants juchés sur leur trépied. Ils décrivent la vie culturelle et artistique de Metz, où chaque évènement, chaque galerie est l’occasion de se pénétrer plus profondément dans la création. Alain Séchas nous fait le récit de ses premières aventures, comment il avait transformé son appartement messin en atelier d’artiste, sans meubles. Point d’objets de consommation ou de mobilier mais des oeuvres, des installations, un échafaudage ressemblant aux tapis roulants des aciéries. Les Séchas ne sont pas les épigones du roman de Pérec, les « Choses » : ils s’attachent aux objets de la vie quotidienne pour leur potentiel créatif. Il est facile de se représenter l’environnement de ces années d’apprentissage par la lecture du roman de Nicolas Mathieu, « Leurs enfants après eux » (prix Goncourt – 2018). Le roman a pour cadre la Lorraine industrielle, oubliée du centre, par la narration de quatre adolescents, qui deviennent de jeunes adultes, de 1992 à 1998. L’histoire se déroule en Moselle, dans les environs de Hayange, au moment de la mort de l’activité industrielle, roman qui trace la genèse de la « France périphérique ».
Histoire d’art
C’est au tour des fleurs de faire leur apparition, la fleur, le sujet par excellence du peintre. Un passage à la fois bucolique et mystérieux, jaunes, vertes, elles avancent bien droites vers nous avec leurs drôles de pieds.
Histoire de l’art, toujours qui transparait dans ces portraits de Diane chasseresse et du chevalier tout en armure, placés comme les gardiens de cette maison.
Alain Séchas – Maison des Artistes Bernard Anthonioz
Abstraction
Alain Séchas – « Pompéï » et « Mire »
« Les figures ont disparu au profit des titres, celui-là je l’appelle Pompéï, sa structure rappelle la façon dont les scènes sont installées, les colonnes… Les dessins je les fixe à une planche avec du scotch, je n’avais jamais mis le scotch à l’intérieur du tableau, là le scotch est une bande de cache. Il y a un plaisir à ce moment-là purement chromatique, d’aller à l’intérieur d’une surface et de se déplacer avec le pinceau. Une chose assez banale en soi, mais je me dis que ces tableaux ont leur autonomie, leur existence. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de chat que ce n’est pas du Séchas ! Les quatre surfaces sont de coloration différente, je ne cherche pas un fini absolu, ce sont des surfaces parfaitement calculées de façon sensible, là par exemple c’est du bleu turquoise mais passé 20 fois, on va jusqu’au noir donnant cette impression d’étrangeté qui fait que l’asymétrie est cassée.. le second s’appelle Mire , j’aime bien ce mot, comme la mire de la télévision, il y aussi un côté spéculaire… » Alain Séchas
Sur quelle planète ?
Alain Séchas a toujours des idées, des plans pour nous étonner, nous fasciner, il construit, réfléchit à des systèmes ingénieux ultra perfectionnés, mêlant arts et technologie.
Alain Séchas. Au centre sur la cheminée, sculpture « Vénusienne » en cristal Daum.
Après Platée, la nymphe de l’opéra de Rameau placée dans les Serres du Jardin des Plantes à l’occasion du parcours FIAC hors les murs, c’est une Vénusienne qui nous apparait, elle aussi est de couleur verte, ses courbes sont harmonieuses, elle mérite bien son nom, c’est la plus belle, en cristal de Daum, coulée dans les célèbres ateliers de Nancy. Les heures défilent, la lumière diminue, la sculpture s’assombrit jusqu’à devenir noire.
Comme vous ne pouvez pas bouger, ma proposition : une visite virtuelle en attendant.
Un dimanche Alain Séchas à Nogent sur Marne et au Château de Rentilly
Un palais des glaces à Rentilly
Château de Rentilly recouvert par l’artiste plasticien Xavier Veilhan, d’inox et glace. 2014
Château de Rentilly, une commande publique réalisée par Xavier Veilhan, Elisabeth Lemercier, Philippe Bona, Alexis Bertrand. 2014. Frac Ile de France.
Mais la journée nous réservait encore une surprise très inattendue, Alain m’avait raconté un château recouvert de miroirs par Xavier Veilhan à Rentilly. Confiné chez vous, il va falloir imaginer ce lieu en pleine campagne, investi par l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts et le Frac Ile de France. Un dimanche, jour de vernissage à 20 mn de Nogent sur Marne, je découvre ce « Cabaret du Néant », rien que le château de glace inspire cette notion de néant, il pleut, le gris sombre du ciel contraste avec le vert du parc, les arbres sans feuilles se dessinent sur les façades. A l’intérieur, ambiance de jour de FIAC, étrange, Jean de Loisy, le maître des cérémonies, directeur des Beaux-Arts reçoit le tout Paris culturel, tel le « Don Giovanni » de Joseph Losey sur les marches de sa villa paladienne. Pour l’ouverture de sa nouvelle filière consacrée au commissariat d’exposition, un métier en transformation, il a réuni des chefs-d’oeuvre de l’Ecole comme les ailes de Jacques-Fabien Gautier d’Agoty, gravure extraite du Traité de myologie, André Breton l’avait intitulée L’ange anatomique. C’est vrai que cette représentation est inoubliable, je l’avais vue à l’occasion de « Carambolages », exposition au Grand Palais dont le commissaire était Jean-Hubert Martin.
Le lieu même a une histoire, celle d’une ancienne demeure de la famille Menier les célèbres chocolatiers, très enracinés localement, et exerçant les responsabilités d’édiles en Seine-et-Marne. Le château, à l’abandon, a fait l’objet d’une réinterprétation contemporaine et osée par Xavier Veilhan,avec le soutien des collectivités locales de Seine-et-Marne. La réhabilitation du Domaine est un bel exemple de la décentralisation culturelle et du soutien des collectivités locales à la culture.
Jacques-Fabien Gautier d’Agoty« L’ange anatomique » 1759. Coll. des Beaux Arts de Paris
Le Cabaret du Néant
Le cabaret du néant a bien existé à Paris à Pigalle, il avait ouvert en 1882 et recueillait un grand succès, les visiteurs, adoraient se promener parmi les squelettes, crânes, prendre un verre attablés à une table cercueil, éclairés par la lumière des cierges. Cette ambiance très étrange et morbide été recréée par Jean de Loisy, écorchés , tibias, crânes, danse macabre côtoient des oeuvres contemporaines, installations, photographies…
Victor Yudaev (né en 1984) « Hélène et Homer, Hanrahan, l’oeil à l’oeil, la queue d’un chien et plus humble » vers 2019 Céramique, plâtre, bois et matériaux divers. Courtoisie de l’artiste. Jules Talrich. Buste de demi-écorché. XIXe siècle. plâtre coll. des Beaux-Arts de Paris.
Jean Baptiste François Desoria (1758-1832). Torse ou demi-figure peinte. 1786. Coll Beaux Arts de Paris
La grande danse macabre. Coll.des Beaux Arts de Paris
Edme Bouchardon. Ecorché, bras gauche levé. Vers 1760. Plâtre, métal et moulage sur cadavre.
Jules Talrich. Ecorché, face ventrale, couche superficielle, 1867. Plâtre coloré et moulage sur nature.
Coll. des Beaux-Arts de Paris.
Le Cabaret du Néant
Professeur Suicide
Nous sommes arrêtés par une danse de poussières d’Hugues Reip très bucolique et onirique cependant, car de beaux papillons ornent ces résidus. Mais n’oublions pas c’est un dimanche « Spéciale Alain Séchas » et nous sommes impatients de découvrir cette oeuvre si chère à l’artiste intitulée Le professeur suicide, une oeuvre d’art totale. L’histoire d’un professeur et ses quatre élèves sculptés et posés sur une toile ronde, un écran, une musique sublime de Haydn. Une oeuvre poétique, fascinante et mélodieuse datant de 1995. L’installation est toujours actuelle, par son apparente technologie de pointe bien sûr, mais elle pose aussi la question sur la place de l’art qui me parait essentielle aujourd’hui. Alain Séchas nous a fait le récit de la genèse de cette oeuvre, anticipatrice, de la mise en scène, du film et du montage vidéo. Cette oeuvre est à la fois remplie de mélancolie, d’ironie et de cruauté. A regarder les élèves – où les disciples assis en tailleur autour du professeur – le spectateur pense bien sûr à l’acte pédagogique, à la relation d’autorité qui s’établit entre le maître et l’élève, mais aussi à ces cérémonies de suicide ou d’holocauste collectifs d’adeptes sous l’emprise d’un gourou. Cette métaphore de la soumission, l’impassibilité des élèves, l’ironie du regard, les grands yeux ouverts (Alain Séchas rend hommage à Edvard Munch, ce fameux regard est devenu la marque des « Chats ») évoquent aussi l’esprit de compétition féroce du système scolaire japonais, où les enfants sont entraînés, dès le plus jeune âge, dans des écuries, qui peuvent les conduire à la dépression, à l’enfermement dans la solitude (les « Otaku »), voire le suicide. Le spectateur s’amuse des gestes, de la dynamique, des hésitations qui sont autant de marqueurs d’identités et de la psychologie du sujet. Il y a le rapide, le vif, le sec, le timide, l’indécis, les « Caractères » de La Bruyère apparaissent dans cette brillante vidéo d’Alain Séchas.
Alain Séchas – Professeur Suicide 1995. Moulages, polyester, bois entoilé, film, vidéo, musical, spots lumineux. Collection Fonds National d’Art Contemporain.
La place de l’art ?
A l’heure où nous sommes tous retranchés dans nos maisons, appartements, quel sens donner à la culture, à l’art. Le ministère de la culture vient de lancer un système #culturecheznous avec de nombreuses propositions, pièces de théâtre, musique, danse, expositions… une offre pour tous. https://www.culture.gouv.fr/Culturecheznous/Tous-publics
Florence Briat Soulié
C’était prévu :
Ô Saisons, Ô Chats !
MABA / Maison des Artistes Bernard Anthonioz à Nogent sur Marne
Chefs-d’oeuvre de la collection des Beaux-Arts de Paris
Commissariat : Jean de Loisy
et les artistes : Jean-Michel Alberola, Ismaïl Bahri, Evgen Bavcar, Hicham Berrada, Christian Boltanski, Xavier Boussiron, Flora Bouteille, Pierre Louis Deseine, Jean Baptiste Désoria, Marcel Duchamp, Albrecht Dürer, Nina Galdino, Matthias Garcia, Jacques-Fabien Gautier d’Agoty, Théodore Géricault, Francisco de Goya, Graham Gussin, Lucien Hervé, Hans Holbein le Jeune, Pierre Huyghe, Claire Isorni, Ann-Veronica Janssens, Christian Lhopital, Marc Lochner, Antoine Marquis, Bernhard Martin, Romain Moncet, Damien Moulierac, Alicia Paz, Benoît Pype, Valentin Ranger, Hugues Reip, Bettina Samson, Pierre-Alexandre Savriacouty, Alain Séchas, Valérie Sonnier, Victor Yudaev, Tereza Zelenková …
Depuis 9 jours nous sommes tous confinés, seuls ou avec des familles, un fait sans précédents. Je donne ma reconnaissance à tous les acteurs du monde de la santé, mais aussi à tous ceux qui continuent à se rendre à leur travail tous les jours et se mobilisent pour nous, à tous ceux qui font en sorte que notre vie reprenne son cours après ce confinement, mais peut-être pas comme avant.
Surtout #RESTEZCHEZVOUS
Bref c’est Sandra Hegedus, elle porte une robe d’Ascoli
BREF, nous sommes, pour la plupart chez nous, et de nombreuses ressources s’offrent à nous.
BREF, il y a le télétravail mais pas que :la #culturecheznous , les cours gratuits de gym…
BREF, des rendez-vous avec The Gaze
BREF, une série d’épisodes en 4 actes : Art + A table + Lire+ Danse
BREF, c’est une première invitée du la scène artistique : Sandra Hegedus
BREF c’est / Sandra Hegedus pour The Gaze
Sandra Mulliez Hegedus, brésilienne et très française vit en France depuis 1990, à la fois philosophe, artiste, performeuse dans les années 80. Elle a créé en 2009 SAM Art Projects, association depuis 2013, projet de mécénat destiné à promouvoir, par le biais de résidences d’artiste et par l’attribution d’un prix, l’œuvre d’artistes étrangers en France, et d’artistes Français à l’étranger. https://www.samartprojects.org/
Les cours de gym gratuits de Sandra. Les horaires sont affichés sur facebook et instagram
Régis Figarol
Atelier photographique à la Médiathèque Edmond Rostand. Paris 17e. Dans le cadre de l’exposition Attrape-songes du 28 mars au 26 avril – Exposition reportée en juin 2020
D’ASCOLI
Sandra est habillée pour les scènes : Art & Lire par D’Ascoli.
Fashion created and made in India using ancient & modern techniques. ewww.dascoli.co
William Faulkner
A Novel of the Snopes Family – trilogy 1964 : The Hamlet – The town – The Mansion
OPAVIVARÁ
OPAVIVARÁ est un collectif d’artistes fondé à Rio de Janeiro en 2005. Les artistes du collectif carioca travaillent à des performances sur l’espace public qui interrogent l’absence de projet urbain, la notion de collaboration, les rapports de pouvoir, les déséquilibres sociaux et la question de la mobilité à Rio de Janeiro. Ils étaient artistes invités lors de la Biennale de Taipeï 2014, La Grande accélération, l’art à l’ère de l’Anthropocène.
Visite virtuelle de l’exposition de l’artiste photographe. Début janvier, mon amie Laure Martin, me propose une escapade en Normandie à Saint Pierre de Varengeville. Je dis oui évidemment , j’aime beaucoup les œuvres de Denis Darzacq. Sur le chemin, nous faisons une halte à Rouen pour visiter le musée de la Ferronnerie. Un lieu étonnant, unique, créé par un collectionneur.Henri Le Secq des tournelles, plus de 16000 pièces. https://museelesecqdestournelles.fr/fr
Né en 1961, Denis Darzacq vit et travaille à Paris. Diplômé de l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs, section vidéo. Il débute la photographie…
Centre d’Art de la Matmut – Exposition Denis Darzacq
Nous arrivons dans ce château transformé par la Matmut en centre d’art.
Cette exposition au Centre d’art Contemporain de la Matmut montre un large éventail de son travail abstrait et figuratif.
la scénographie est très belle, les photographies sont présentées sur deux niveaux, au rez-de-chaussée et dans les caves voûtées.
Act1/Act2 – La chute/Hyper – Casques de Thouars – Recomposition – Absences.
Denis Darzacq et et Daniel Havis, président de la Matmut
Très actuelle et sociétale, cette série des Hyper, des images à double sens, où des jeunes de cités prennent positions, physique et affirmée de leur existence.
« Hyper, d’un côté le décor stéréotypé et anxiogène des « lieux de vie » que sont devenus des hypermarchés, et de l’autre la puissance orgueilleuse des corps en actionqui refusent la soumission et le silence » Denis Darzacq
Casque N°03, 2007 . Tirage analogique réalisé à partir d’un négatif couleur, 114,5 x 97,5. Courtesy galerie RX, Paris
Cette exposition était prévue jusqu’au 5 avril 2020, mais j’espère qu’elle sera prolongée après le confinement.
425 rue du Château 76480 Saint-Pierre-de-Varengeville Tél. 02 35 05 61 73
Centre d’art contemporain de la Matmut à Saint-Pierre-de-VarengevilleMusée de la Ferronnerie, Le Secq des Tournelles – 2, rue Jacques Villon 76000 ROUEN 02 35 88 42 92
Cette exposition fascine. Elle nous emmène aux confins du réel et de la folie, en terres inconnues, brumeuses. Cette exposition parle de « l’écriture et son ombre ». Une écriture ou plutôt des écritures particulières, libérées de toute fonction de communication. Elles ont été créées de toute pièce, sans référent autre que leurs créateurs. De nouveaux alphabets aux formes mystérieuses conçus comme on bâtit des mondes. L’écriture devient un univers à part, illisible; au delà d’un message, elle exprime l’indicible, le fantasmagorique, des ailleurs imaginaires loin de notre réalité.
Il a fallu trois ans, à Andrea Bellini, directeur du Centre Contemporain de Genève et à Sarah Lombardi, directrice de la Collection de l’Art Brut de Lausanne pour créer cette incroyable et ambitieuse exposition. Elle réunit une centaine d’artistes. Beaucoup sont liés à l’Art Brut et ont conçu leurs oeuvres en asiles psychiatriques ou maisons de repos, d’autres sont des artistes du XXème siècle ou contemporains, qui ont inventé un nouveau langage.
Maria lai, minuscule livre cousu une écriture asémantique (dénuée de sens ou d’interprétation) 1979, Courtesy of Collezzione Giuseppe Garrera Roma, Photo Giorgio Benni
La parole des femmes
Laure Pigeon
Laure Pigeon photo @thegazeofaparisienne
Au début du XX ème siècle, la société est encore fortement patriarcale. Les femmes sont encore très peu visibles et audibles socialement ou politiquement. Elles sont même méprisées en tant qu’artistes. Dès lors, l’écriture mystique, viscérale voire délirante est un refuge à leur parole, un exutoire de leur monde intérieur, un instrument de leur expression artistique. L’exposition, Scrivere Disegnando, consacre un grand espace à leurs créations .
Passionnant, Andrea Bellini nous conte chacune de ces histoires aussi bizarres que captivantes. Celle d’Hélène Smith (1861-1929), médium Genevoise qui durant ses transes de spiritisme, voyageait dans le monde des Martiens ou celui des princesses d’autres temps, telles Marie-Antoinette ou Simandini, princesse Indienne du XV ème siècle!! En état hallucinatoire, elle écrit compulsivement des messages dans des langue « ultra-martienne » et uranienne , ou d’autres alphabets proches du sanscrit. A l’entrée de l’exposition, le robot « Otto » conçu par Jürg Lehni, réécrit aléatoirement, sur un grand tableau noir, ses signes graphiques. Celle de Laure Pigeon (1882-1965), qui pratique également le spiritisme. Elle trace à l’encre bleue des motifs à volutes, des prophéties à l’écriture illisible, et des noms, dont celui de l’Apôtre Pierre, qu’elle prétend avoir épousé dans une vie antérieure!
Jeanne Tripier – image: Sarah Baehler , atelier numérisation, Lausanne
Jeanne Tripier (1869-1944), elle, est internée en hôpital psychiatrique. Elle se consacre à une « mission secrète », dictée par des voix qu’elle entend. Notamment celle de Jeanne d’Arc, dont elle signe certaines de ses oeuvres. Elle brode ou dessine, parachevant ses créations parfois de vernis à ongles, teintures pour cheveux ou médicaments. J’aime particulièrement cette broderie énigmatique qui me fait penser à un cerveau humain.
Ecrire pour calmer les névroses
Remplis de références militaires, les écrits et dessins de Joseph Heuer, interné définitivement à 33 ans, lui permettent d’évacuer sa rancoeur et ses colères liées aux délires qui l’assaillent. Orthographe fantaisiste, inscriptions à l’envers forment un tout incompréhensible et mystérieux.
Joseph Heuer, photo Thegazeofaparisienne
Plus loin, les impressionnantes enluminures illustrées de textes minuscules d’Adolf Wölfli sont d’une beauté troublante. Quelle minutie, quelle précision, quelles merveilles! Abandonné par son père alcoolique, Wölfli a connu une enfance et une adolescence très difficiles. Placé dans de nombreuses familles il subit des sévices avant d’agresser lui-même de jeunes enfants. Diagnostiqué schizophrène, il est interné à l’âge de 30 ans jusqu’à sa mort. Très agité, il se calme quand il dessine et écrit. Extrêmement prolifique, il a créé pas moins de 25 000 compositions alliant dessins, textes littéraires et notes de musiques qui retracent la vie imaginaire de Saint Adolf, son alter ego intérieur.
Avec Greta Schödl, l’écriture s’apparente à la pratique du tissage. Un seul mot, tracé à l’encre, est répété obsessionnellement en séquences linéaires. La trame est accentuée par des points ou des traits de feuilles d’or. La présentation du CAC de Genève nous montre une sublime oeuvre, « Florence 1966« , où l’artiste évoque la terrible inondation qui a frappé la majestueuse ville Italienne.
Dadamaino (1930-2004), photo Thegazeofaparisienne
De la même manière Dadamaino, bouleversée par le massacre des réfugiés palestiniens en 1976 et désespérée de n’y pouvoir rien faire, conçoit « Alfabeto della mente » (1977). Au départ, elle trace sur une feuille des traits verticaux et horizontaux qui forment des H- la lettre muette de l’alphabet- qu’elle reproduit sur toute la surface. Chaque jour , elle réitère cette pratique avec un signe différent, qu’elle fait à main levée, et répète sur toute une page. Plus de cinq cent de ces feuilles de tailles et matières diverses, ont été exposées à la Biennale de Venise de 1980.
Créer de nouveaux mondes
Codex Seraphinianus, photo thegazeofaparisienne
Luigi Serafini
Luigi Serafini
Certains artistes créent de nouveaux alphabets comme les fondements d’univers imaginaires .
C’est le cas de Luigi Serafini (né en1949 ). Il conçoit, dans sa jeunesse, la première oeuvre de sa vie le « Codex Seraphinianus« . Une oeuvre incroyable, qualifiée par certains du « livre le plus étrange du monde ». Le Codex de Serafini, tout comme le manuscrit de Voynich (XVème siècle), fait partie des livres uniques de la bibliographie universelle. En 1976, l’architecte et designer Italien se lance dans ce projet fou qui lui prendra trois années: la genèse d’un monde imaginaire par l’invention d’un langage. Le Codex est un livre immense qui réunit plus d’un millier d’illustrations surréalistes, présentées comme dans un inventaire encyclopédique. Il est écrit dans un alphabet asémique totalement incompréhensible pour tous, ce qui lui permet, selon la volonté de son créateur, de dépasser toute barrière linguistique et de toucher ainsi à l’universalité. Publié en 1981, le Codex Seraphinianus, fait figure de référence dans le monde entier, il jouit d’un immense succès qui ne cesse de croître encore aujourd’hui.
Codex dans son édition originale de 1981, « Le livre le plus étrange du Monde »
De son côté, Reinhold Metz (né en 1942), nous offre un voyage extraordinaire au coeur du Moyen Âge Espagnol. Obsédé par l’illustre roman Don Quichotte de Cervantès , il en réalise une mise en scène visuelle, calligraphiée et enluminée, absolument magnifique. Son ouvrage comprend 270 pages non reliées.
Reinhold Metz , photo thegazeofaparisienne
Reinhold Metz , photo thegazeofaparisienne
L’oeuvre colorée de la série Shaman, de Giorgio Griffa (né en 1936), présentée dans l’exposition, joue du dialogue de formes abstraites et de lettres mystérieuses pour évoquer l’envoûtement des incantations chamaniques.
Andrea Bellini devant l’oeuvre de Giorgio Griffa , serie Shaman, photo: thegazeofaparisienne
Cette fois encore, Andrea Bellini présente au Centre d’Art Contemporain de Genève une exposition extraordinaire, qui frappe en plein coeur. Elle mériterai d’être vue par une très large audience, mais comme les autres événements actuels, elle doit malheureusement se cacher désormais derrière des portes closes. Partager avec vous un aperçu de cet accrochage est pour moi un grand bonheur.
J’aime beaucoup le compte IG de Luana Belmondo qui fourmille de bonnes idées gourmandes en voici une saine et simplissime du chou-fleur qu’il ne faut pas nécessairement gratiner ou manger cru. Non, la recette tient en quatre lignes : laver et découper le chou-fleur en bouquet.
Broyer toutes les noix, noisette, pignons, épices qui vous tombent sous la main ajouter quelques épices (j’ai choisi 4 épices, muscade et gingembre) tout jeter dans le wok et faire revenir avec un filet d’huile d’olive. Un bouquet de coriandre fraîchement découpé jeté juste avant de servir. Merci vraiment @luanablemondo.officiel c’était un régal !
La riche et longue histoire de la trop courte vie de Gerda Taro.
Garda Taro fut la première femme photographe-reporter tuée dans l’exercice de ses fonctions à l’âge de 27 ans écrasée par un char républicain pendant la guerre d’Espagne .
Révolutionnaire combattant les nazis, elle quitte l’Allemagne dès 1933 pour se baser à Paris et travaille comme assistante à l’agence Alliance-Photo créée par Maria Eisner.
Helena Janeczek « La fille au Leica » une bio de Gerda Taro. Actes Sud. Roman traduit de l’italien par Marguerite Puzzoli.
Sa rencontre avec le photographe d’origine hongroise Endre Erno Friedmann, n’est pas seulement amoureuse, elle est aussi professionnelle . Ensemble, ils couvriront la guerre d’Espagne où elle trouva la mort en 1937.
La découverte de la valise « mexicaine » de Capa (une autre histoire rocambolesque ! ) contenant des centaines de films photos, ont apporté un éclairage plus précis sur leur collaboration permettant d’identifier et d’attribuer un certain nombre de clichés à Gerda Taro et non plus à Capa. Helena Janeczek brosse un portrait précis et tendre de cette grande photographe encore méconnue : du caractère dans la Grande histoire. Passionnant mais pas encore fini …
Grandbrother , Anthony and the Johnson, et surtout (re) découvrir Minnie Ripperton, -encore une vie trop courte – de la Soul des années 70 : vos ados vont adorer.
Minnie Ripperton
Regarder :
Casablanca pour la 50ème fois et le soin du dernier plan…. ;
Mama Mia pour la 50ème fois aussi là pour sa fin et son générique pour le moins brillant ;
Découvrir : Whiplash l’un des premier film de Damien Chazelle : époustouflant de bout en bout !
Art contemporain :
Après le déconfinement, si vous ne le connaissez pas déjà, il sera urgent de planifier la
Visite du château d’Oiron, pour comprendre que l’art contemporain ne date pas d’aujourd’hui !
Les peinture murales Renaissance du château décrivant la Guerre de Troie sont aussi magnifiques et avant-garde que les œuvres contemporaines savamment choisies et agencées par Jean-Hubert Martin et des administrateurs qui lui ont succédé… Choix n°1 : l’œuvre de Ramette « Lévitation rationnelle » qui done une vue sur le château et son architecture Renaissance et car elle évoque tout à fait le désir d’évasion, d’élévation … et d’impuissance à y arriver aujourd’hui.
Choix n°2 : Une des photographies du remarquable reportage fut commandé on temps par la CNMHS à l’immense photographe qu’était Keiichi Tahara et qui nous montre bien que ce château est aussi et surtout un lieu d’inspiration…
« René Burri, l’explosion du regard » Musée de l’Elysée, Lausanne
On connait de René Burri (1933-2014) ses incroyables clichés au coeur de l’actualité, immortalisant les événements majeurs de la seconde moitié du XXème siècle. Véritable aventurier, il n’a eu de cesse de parcourir la planète pour l’agence Magnum, qu’il a rejoint dès 1955. C’est ce qu’il aime: être là où le sort des pays se joue, livrer un témoignage de première ligne, rencontrer les acteurs qui changent le destin du monde.
La célèbre photo du « Che au cigare » de René Burri
On connait, en revanche, moins ses oeuvres artistiques, ses compositions de collages colorés, de dessins, ses photos d’art, ses aquarelles, ses films, ses installations. Dans une passionnante rétrospective au Musée de l’Elysée de Lausanne, Marc Donnadieu et Mélanie Bétrisey nous dévoilent toute la diversité de ses créations.
« (avec Burri ) Je ne collaborais pas avec un photographe, je discutais avec le monde » Werner Jeker graphiste et ami de René Burri
Muni de son appareil photo, René Burri voyage partout. Pour de grands magazines d’actualité, tels Life ou Paris Match, il couvre les guerres de Corée et du Vietnam, la « crise des missiles » de Cuba en 62, les révolutions d’Amérique Latine, les grands changements culturels et économiques en Chine, au Moyen-Orient, en Europe etc… Passionné, il témoigne de l’histoire de son époque par ses images fortes aux compositions très graphiques.
La célèbre photo du « Che au cigare »
Planche contact de René Burri, avec au centre (en haut) l’image devenue mythique.
« J’étais étonné , saisi , il était arrogant et en même temps avec son charme, sûr de lui, je dirai aussi comme un tigre en cage » , René Burri racontant cette rencontre avec le Che.
Un des plus célèbres clichés est sa fascinante prise de vue du « Che au cigare ». On y découvre un homme au regard intense, dominant, arrogant qui dégage une force animale.
Photo-reportage de l’interview de Che Guevara par la journaliste du magazine Américain
En 1963, René Burri est envoyé à Cuba par un magazine Américain pour réaliser les photographies d’une interview de Che Guevara. Burri raconte la scène lors d’une intervention à la RTS. L’interview du Che dura près quatre heures, durant lesquelles le révolutionnaire n’a jamais eu un seul regard pour le photographe tant son attention était focalisée sur la journaliste Américaine. Il y avait entre eux un jeux de séduction extrêmement visible. Le Che cherchait ostensiblement à la captiver, la séduire et à la convaincre de son discours sur la situation à Cuba. Les conditions idéales pour René Burri, qui a ainsi pu l’approcher, tourner autour de lui en toute liberté. Il a réalisé, ce jour là, dix films entiers de clichés!
Vif, curieux, passionné, René Burri a cotoyé de nombreuses personnalités du monde artistique, qu’il a captées dans leur intimité. Giacometti, Klein, Le Corbusier, Picasso etc..sont passés devant son objectif. Avec ce dernier, il crée une relation étroite, complice qui se devine dans les portraits qu’il fait du grand peintre. Picasso apparait spontané, l’oeil pétillant de malice. Burri lui a même consacré sa première grande publication, à l’occasion d’une rétrospective du maitre au Palazzo Reale de Milan en 1953.
Le Corbusier par René Burri
Créations artistiques graphiques ou colorées et pleines d’humour… comme lui!
Il sait tout faire! Après ses études à l’Ecole des Arts appliqués de Lausanne, René Burri commence à travailler dans la réalisation pour les productions Walt Disney. Il s’intéresse ensuite aux documentaires avant de se lancer dans la photographie. Mais il ne s’arrête pas là. L’exposition du Musée de l’Elysée nous révèle la richesse de son travail. Sa production est pléthorique, touche à tout, généreuse. Films, livres, maquettes éditoriales, photo-reportages (bien sur!) mais aussi photo d’Art, dessins, carnets, aquarelles, collages, installations !
Posant avec sa femme devant les bureaux de l’Agence Magnum
Un brin mégalomane mais facétieux et bourré de talent, il réalise également des compositions extravagantes qui le mettent en scène avec auto-dérision.
Autoportrait de René Burri, Nouveau Mexique 1973/83
Pour ma part, je suis séduite par la qualité graphique de ses photographies artistiques. Telle l’image aux deux miroirs, qu’il a lui même choisi pour la couverture du livre consacré à son oeuvre, ou cette prise de vue de militaires, dont la structure et l’angle en font une oeuvre d’Art à part entière.
Passionnante, cette exposition partage avec nous « l’explosion du regard » de Burri . Un regard très pointu, engagé sur le monde et ses enjeux, une fantastique énergie nourrie par sa curiosité, sa fantaisie et son humour pétillant, un univers de création sans limite, ouvert à toutes ses envies. Un homme libre avant tout!
Confinement oblige, mon rendez-vous à l’atelier de Julio Le Parc est reporté. Evidemment j’étais triste de devoir annuler cette rencontre avec ce grand artiste. L’idée m’est venue alors de lui demander une visite virtuelle, décrivant sa journée, par ces temps si particuliers.
L’artiste devant ses oeuvres : Alchimie 335 2000-2017 et Alchimie 337 2016
Je n’ai pas été déçue ! l’énergie d’un homme de 90 ans et plus ! son inventivité, sa créativité s’expriment dans ce petit film. L’âme de ce petit garçon argentin, très doué pour le dessin est restée immuable, un sacré tempérament ! Une enfance passée en Argentine, au pied de la Cordillère des Andes à Mendoza.
Evidemment comme dans la pub, Julio n’était pas bon élève , il ne dessinait pas des couverts, mais des portraits de célébrités et aussi les cartes !
A 14 ans, à Buenos Aires, lui et sa famille s’y sont installés, il fait des petits boulots, il n’oublie pas le dessin et prépare l’Ecole des Beaux-Arts de la capitale d’Argentine. Il a comme professeur Lucio Fontana, auteur des Concetti spaziali. (grande rétrospective de l’artiste a eu lieu au Musée d’Art Moderne de Paris en 2014. Julio Le Parc s’intéresse très vite au mouvement d’art concret lancé par le sculpteur.
Julio Le Parc Confinado / réalisation Gabriel le Parc.
Ainsi que Julio Le Parc en fait le récit (dans la Gazette Drouot, 3/11/2017 à l’occasion de l’exposition, « Bifurcations », à la galerie Perrotin), « dans les années 1940, j’étais étudiant aux Beaux-Arts de Buenos Aires. À l’époque, des peintres figuratifs argentins, dans la lignée des muralistes mexicains, se partageaient la scène avec Arte concreto-Invención, groupe adhérant aux thèses du matérialisme dialectique, à l’idéologie marxiste. Ces derniers m’intéressaient, car ils défendaient une œuvre sociale, à travers une production de tableaux aux formes primaires, géométriques, aux couleurs limitées. En 1958, l’exposition de Victor Vasarely au Buenos Aires Fine Art Museum et la lecture des écrits de Piet Mondrian finirent par me conforter dans ma recherche d’abstraction, du mouvement et de la vision périphérique.»
Aux Beaux-Arts, il participe activement aux mouvements étudiants, virant le directeur de l’école, donnant des points aux professeurs, un vrai monde à l’envers qui montre la détermination de l’artiste, un sentiment qui ne le quittera jamais .
En 1958, il obtient une bourse pour Paris, qui est encore la capitale mondiale de l’art, avant New York. Tout intellectuel d’Amérique latine a deux patries : la sienne et la France tant les relations politiques, artistiques et culturelles sont intenses entre la France et l’Amérique du Sud, notre soeur latine. La France et l’Amérique latine ont créé à Paris la Maison de l’Amérique latine (MAL) boulevard Saint-Germain dont les 50 ans ont été célébrés en 2017. Paris accueille ainsi au même moment, dans les années 50, deux grands artistes, qui s’appellent Julio, Julio le Parc et Julio Cortazar.
Paris
Il fait des rencontres décisives avec entre autres Vasarely, Morelet, la galériste Denise René, spécialiste de l’art cinétique. En 1960, il fonde avec une dizaine d’artistes dont Morellet , le GRAV (Groupe de recherche d’art visuel), n’hésitant pas à critiquer l’art cinétique de cette époque, cherchant à dépasser les limites de ce mouvement.
1966, année de sa première exposition à la Galerie Denise René, il lance « Une journée dans la rue », où l’artiste fait participer le visiteur dans une sorte de happening pour abolir la distance entre le grand public et l’artiste. Artiste socialement engagé,
l’artiste dénonce l’élitisme du milieu artistique des institutions et des galeries, qui excluaient un certain public considéré comme incapable de comprendre l’art de notre temps. De l’Opéra à Saint-Germain-des-Près, les oeuvres et les objets sont exposés dans la rue, un questionnaire est remis au public, dans la rue, et le fait participer à la manifestation. Mais, à la différence du happening, l’artiste se met en retrait pour privilégier l’interaction entre le spectateur et l’oeuvre. On mesure toute l’actualité contemporaine de Julio Le Parc dans le contexte du marché de l’art du XXIème siècle. Cette même année, il obtient le grand prix international de peinture de la biennale de Venise. Les formes, l’espace et la lumière… Il fait ses premiers essais sur les images démultipliées en plexiglas.
Détail
Julio Le Parc – Galerie Perrotin.
Julio Le Parc Exposition « Bifurcations » 2017 – Galerie Emmanuel Perrotin
Haute-couture
Le couturier Paco Rabanne remarque le travail de Julio et s’inspire pour créer la fameuse robe en aluminium présentée à son défilé de 1966 Douze Robes Importables En Matériaux Contemporains.
« C’est surtout Le Parc qui allait m’influencer lors de ma première collection Haute-Couture ou son utilisation de carrés d’aluminium, bougeant au moindre souffle me donna l’idée de ma première robe – car je désirais a l’époque faire des vêtements conformes et en harmonie avec les arts de mon époque ». Paco Rabanne, Paris, 24 mars 1995.
Mai 68
1968, Révolution ! Julio Le Parc est un artiste engagé. Pour lui, l’expression n’est pas galvaudée. Il intègre, avec d’autres membres du GRAV, l’atelier populaire des Beaux-Arts avec Gérard Fromanger. Dans cette création spontanée, dans l’esprit révolutionnaire de mai 1968, s’élaborent des affiches, des slogans, des lithographies, avec également l’utilisation de la sérigraphie encore peu utilisée sauf, précisément, des artistes du GRAV. Expérience unique où l’artiste se dissout dans un mouvement collectif et anonyme, aucune production n’étant signée. Une expérience révolutionnaire à l’état pur mais rattrapée par le réel. En raison de sa nationalité, Julio Le Parc est expulsé de France, il retire sa participation à Documenta et part en Espagne, André Malraux le fera revenir. Le GRAV est dissous.
Julio Le Parc est toujours en quête d’expérience sur l’art, son devenir, ses possibilités, la participation du public et les matériaux. Un artiste qui vit et travaille avec son époque, qui avance, une détermination qui ne laisse aucune concession et il le prouve toujours.
Exposition à pile ou face
Artiste radical, Julio Le Parc refuse de participer à l’exposition « 60/72 Dix ans d’art contemporain en France » au Grand Palais. Cette rétrospective, qui se voulait une réponse à l’hégémonie de l’art américain, est mise en scène par François Mathey, conservateur en chef du MAD, grande figure pionnière de la scène artistique française de l’époque, assité d’Alred Pacquement, et répond au souhait du président Georges Pompidou et du ministre de la culture, Jacques Duhamel. Julio Le Parc refuse de prêter ses oeuvres à la rétrospective et participe avec des amis du Front des artistes plasticiens (FAP) à une manifestation le jour du vernissage, « scandalisé par une exposition de prestige qui dissimule situation réelle des artistes « – Jérôme Peignot, porte-parole du FAP (voir sur Lumni le reportage de l’ORTF sur le site de l’INA : ) et manifeste au moment du vernissage. Au même moment, le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris lui propose une exposition. Etant donné son absence au Grand Palais, pouvait-il accepter de participer à une exposition au Palais de Tokyo ? En 1973 , il est alors capable de jouer à pile ou face par un de ses fils, cette importante rétrospective, et c’est face qui gagne ! Il se plie au résultat et l’exposition ne se fera pas. Défenseur infatigable des droits de l’homme, il lutte en ces sombres années 70, contre les dictatures d’Amérique latine, qui submergent le continent.
Décidément, entre Fromanger, son grand ami qui quitte la galerie Maeght et lui qui dit non au musée d’art moderne parisien, en ce temps là un vent de nouveauté, de créativité souffle sur la scène artistique, abstraction, figuration, tout est possible.
Le maître de la lumière
Les amateurs du Vieux Continent ont souvent une vision très stéréotypée de l’art d’Amérique latine : peinture naïve liée au muralisme mexicain, art colonial ou militant. Force est de constater que ces courants sont encore très présents, à des degrés divers, dans l’histoire, la culture, les pratiques et l’imaginaire de ces pays. Mais on oublie que le continent a vu naître les grands noms de l’art cinétique si l’on excepte le Hongrois Vasarely : Carlos Cruz-Díez et Jesús-Rafael Soto, tous deux Vénézuéliens, ainsi que l’Argentin Julio Le Parc, figurent parmi les cinq cents artistes les plus cotés au monde depuis de nombreuses années
Années 2000
Le maître de la lumière, ses installations prennent place harmonieuses et volontaires comme un ballet auquel le regardeur serait invité, un jardin des ombres et lumières enveloppant les visiteurs. Des oeuvres pour le public qui s’offrent à tous généreusement, nous entrainant dans ses expériences où poésie et mathématiques se rencontrent.
Mes œuvres sont faites. Elles durent et ne durent pas. En outre, je les appelle surtout recherches. De cette façon, elles ont moins prétention à l’immortalité. Dans la plupart de mes recherches, les contingences extérieures — Iumières, etc. — jouent un rôle très important. On peut donc dire qu’elles n’existent que quand le rapport entre les éléments et les contingences extérieures se fait. Et si le spectateur peut être considéré comme une part de ces contingences extérieures, on peut dire qu’avec des matériaux fragiles comme avec des matériaux solides, mes œuvres ne durent que le temps d’un regard. Julio Le Parc – Extrait de l’interview publié dans le premier numéro de Robho en juin 1967.
Le Grand Palais,
le Palais de Tokyo
Sans le connaître encore, j’ai fréquenté Julio Le Parc pour la première fois lors de l’exposition Fromanger au Centre Pompidou. Il témoignait avec le commissaire de l’exposition et j’avais été impressionnée par son alacrité. L’exposition « Dynamo » au Grand Palais en 2013 avec celle du Palais de Tokyo, qui lui consacre la première grande rétrospective est celle de son grand retour avec une surface d’exposition de plus de 2 000 m2. C’est une redécouverte à un double titre. Une première redécouverte, celle d’un artiste et d’un continent, l’Amérique latine, qui n’est pas que le continent des peintres muralistes ou de l’art tropical. C’est aussi le continent où a éclos l’art cinétique, éminemment incarné par Julio Le Parc. Une seconde redécouverte, celle d’un jeune artiste de 91 ans, qui s’est toujours qualifié d’artiste-chercheur dans sa quête. Une de ses oeuvres les plus récentes s’intitule d’ailleurs « Alchimie », sa plus récente série de toiles.
Julio Le Parc est un jeune artiste, expérimentateur, chercheur à l’esprit toujours alerte, à la curiosité insatiable, toujours en quête de nouvelles découvertes, à la recherche de la pierre philosophale. C’est d’ailleurs plus la quête qui l’intéresse que le résultat. L’expérimentation, la curiosité, les sens et la lumière sont les clés de son travail. Son atelier est un vrai laboratoire.
Ma seconde rencontre a lieu lors de la FIAC 2018 puisqu’il est présent sur le stand de la cité internationale de la céramique de Sèvres, avec laquelle il s’est engagé dans une collaboration artistique. C’est l’occasion d’une rencontre entre une institution et l’artiste engagé de l’art cinétique, même s’il n’aime pas cette classification, réductrice.
Je tire ma révérence à Julio Le Parc sur une note de musique qu’il aime tant, comme ses opéras préférés : « La Bohème » de Puccini ou « Le joueur » de Prokofiev.
« Être au ban, abandonner, bannir, éloigner, excentrer, écarter, finir par se rassembler.«
Romain Bitton et Marie Benaych
BAN est un slogan, le son d’un ralliement.
BAN, une histoire qui continue aux Magasins Généraux j’ai eu juste le temps de voir cette exposition avant qu’elle ne soit confinée. Pour l’exégèse, mais ce n’est qu’une partie de l’histoire car le mot est complexe, BAN renvoie à ce vieux terme français de « mise au ban » pour signifier l’exclusion et a donné le mot forban mais relève aussi du commandement dans la langue de la féodalité.
Vue de l’exposition
L’idée étant de proposer une collaboration entre l’équipe de foot mythique du Red Star, le club de Saint-Ouen fondé par Jules Rimet, le père de la coupe du monde de football, le plus ancien club de football français et des photographes qui présentent leurs photos, les jeunes joueurs y associent leurs textes et pour ce 2e round, ils exposent également leurs propres photographies.
BAN VOL.2 . MAGASINS GENERAUX PANTIN
Des ateliers de photographie ont été réalisés en amont du vernissage avec les jeunes du Red Star Lab, dont les clichés seront exposés au même titre que ceux des autres artistes.
BAN c’est le projet d’une équipe menée par les commissaires Marie Benaych, Henrike Stahl et les jeunes du Red Star Lab.
Ce vol.2 étant invisible pour l’instant, je vous laisse regarder quelques images.
Florence Briat Soulié
Textes des jeunes du Red Star
LES ARTISTES Tabatini/Alcaide – Louisa Ben – Marvin Bonheur – Lucien Courtine Léo D’Oriano – Aurélien Gillier – Valérie Kaczynski – Antoine Massari Anton Renborg – Henrike Stahl – Adrien Vautier.
En fin d’article un quizz « Dessiner c’est ciné », à vous de jouer! j’attends vos réponses.
Il y aura un avant et après le 17 mars 2020 , un nouveau chapitre pour les livres d’histoire!
Il y aura aussi « A partir du dix-sept mars » le mini film de José Lévy pour The Gaze of a Parisienne.
José Lévy pour The Gaze of a Parisienne
José Lévy c’est une belle rencontre, un soir d’été au Musée de la Chasse, où je me sens minuscule devant ce majestueux Samouraï, veilleur de nuit, une sculpture lanterne en papier bambou, fabriquée selon la technique japonaise de Nebuta. Hommage de l’artiste au symbole de la Villa Kujoyama à Kyoto (Villa Médicis japonaise)
Musée de la Chasse et de la Nature
Veilleur Samouraï – 2016
Ces derniers jours, des longues discussions non pas au coin du feu mais plutôt derrière nos écrans respectifs, m’ont permis de mieux le connaître. Un artiste très complet, à la fois designer, peintre, sculpteur, photographe, tout l’intéresse. Au fil des jours je découvre une à une ses créations qui défilent, pour des marques prestigieuses ou populaires, pour des expositions dans les musées, les foires internationales…
Le film de José Lévy « Après le 17 mars » – Remerciements : Alexandre Athané – Stéphane Foenkinos
L’homme pressé, sans concession, il attrape à la volée les inspirations, dans son jardin, saisissant l’instant poétique d’une larme d’iris, sa vie est un prétexte pour embellir le temps qui passe.
Embellie sur les feuilles A4, constellées de ses aquarelles qu’il nous partage sur la toile de nos écrans.
Zen, le Japon, son pays d’adoption, occasion de se ressourcer, de s’évader, de s’inspirer des paysages, des coutumes et de ses habitants. Le Japon de José Lévy c’est une série de photographies publiée sur Air France Magazine et bientôt exposée à Paris Photo, projet initié par Matthieu Orlean qui lui donne carte blanche.
Le Japon de José Lévy
Le Japon de José Lévy
C’est évident José Lévy nous aime, il est intéressé par cette intimité qui se forge entre le créateur et son public. Que ce soit une ligne pour Monoprix avec des objets qui allient utilité et beauté comme ce pique-fleurs que je voudrais absolument lui piquer ! ou des chevaux pour Hermès, ou de la porcelaine pour la Manufacture de Sèvres, ou du cristal pour Saint Louis, tout le passionne !
A chaque fois c’est une nouvelle histoire qui démarre.
José Lévy fait partie de ces artistes qui ont pris à coeur cette nouvelle situation étrange et sérieuse de confinement, pas uniquement pour leur propre sort, mais aussi en pensant à celui des autres.
Virus – confinement – déconfinement et des masques, il en imagine un très attendu. Ces masques seront bientôt distribués à des associations sur le terrain et des hôpitaux par un groupement de pharmaciens.
Lorsque je lui demande de participer à ma série « confinement », ses idées fusent à tout allure, ce n’est pas un hasard si son animal totem est l’hirondelle. Rapidement, il construit son film, les images se placent une à une, sur une musique bucolique qui laisse rêveur les chanteurs d’oiseaux, Jean Boucault et Johnny Rasse.
Florence Briat Soulié
« Comme je l’avais déjà expérimenté lors de mon séjour à la Villa Kujoyama en 2011, à l’invitation de Nuit Blanche à Kyoto, j’ai ressenti le besoin de capturer ce moment inattendu en utilisant le même principe de dyptiques photos.
Entre souvenirs de projets passés, d’instantanés de journées confinées et de réflexions vers demain.
Se mêlent, se télescopent et se répondent alors des visages familiers, des pratiques de rencontres inédites, des habitudes modifiées, des plaisirs retrouvés :
Masque et Matzot
Nature et facture
Covid 19 et Zoom
Amis et photos retrouvées
Téléphoner et écouter
Cuisiner et travailler
Lire et rire
Rêver et cauchemarder
Jouer et filmer
Avidité d’infos et déni d’informations
Mort et nouvelles idées
Jacqueline Mailland et Kenji Mizogushi
Espoirs futurs et désillusion potentielles
Wifi d’ados et Insta yoga
Overdose de Corona blagues et mode avion
Manque de réel et manque de réel «
José Lévy
“Moving Tatami”, pour la marque Daiken
UN DES PROJETS A VENIR
« KOKESHIS » (PAD – OCTOBRE 2020)
Pour sa collaboration avec Leblon-Delienne, José Levy réinterprète les poupées de bois laquées issues de la culture japonaise appelées kokeshis. La gamme de figurines exacerbe les attributs magiques et ludiques de ces objets populaires. Le projet s’appuie sur deux opérations fondamentales : les kokeshis d’ordinaire colorées sont entièrement moulées dans une résine noire et texturée provoquant reflets et jeux de lumière. D’autre part, ils sont considérablement agrandies jusqu’à excéder la taille humaine. Entre totems et statues, leur inquiétante démesure confère aux kokeshis la présence agréable et inquiétante de fantômes bienveillants.
José Lévy – Kokeshis
collaboration Leblon-Delienne
work in progress
BIO & LIENS
José Lévy est un artiste parisien et voyageur qui navigue avec talent et une poésie teintée d’humour entre arts décoratifs et arts plastiques. Son champ d’action est pluriel, il est avant tout fidèle à l’humain comme point de départ et moteur de chacun de ses projets. Fournisseur d’objets singuliers et intimes, José Lévy tisse des liens entre ses créations et leurs destinataires. . Re-créateur de souvenirs, propres ou empruntés José Lévy anime chacune de ses créations de la fantaisie et de la rigueur qui le caractérise. Il s’inspire des cultures et des savoir-faires de ses nombreux voyages et aime à les confronter à ceux de son ancrage de Parisien. Lauréat de la Villa Kujoyama, Grand Prix de la Ville de Paris et Chevalier des Arts et Lettres, il conçoit pour un public féru d’histoires passées et d’horizons nouveaux.
José Levy collabore avec les galeries d’art et de design et les éditeurs comme : Astier de Villatte, Carpenters Workshop Gallery, Cristalleries Saint-Louis, Diptyque, Hermès, Manufacture de Sévres, Perrotin…
Il expose également dans des musées tels que le Musée Guimet et le Musée de la Chasse à Paris des expositions personnelles, Il a collaboré avec le Petit Palais, le Palais de Tokyo, et la Villa Kujoyama à Kyoto.
Cela doit ressembler à une apparition : toutes les toiles sont accrochées sur les cimaises des salles absolument désertes du musée d’Orsay… Il ne manque plus que l’éclairage et les derniers cartels ! C’est une exposition fantôme que personne n’a vue, dont l’inauguration était prévue le 24 mars et qui a fermé ses portes avant même de les ouvrir au risque d’y accueillir l’indésirable coronavirus. Terrible ironie du sort dont Cyrille Sciama, spécialiste de l’œuvre de Tissot, me dit qu’elle aurait amusé le peintre. Tissot, le déraciné, l’artiste français (qui changea son prénom de Jacques-Joseph, trop classique, pour un James plus chic selon l’anglophilie en vogue) fut jugé trop anglais par ses compatriotes à son retour en France, après un exil volontaire de onze années à Londres.
Tissot, dont la dernière rétrospective parisienne datait de 1985 (il y a 35 ans donc, au musée du Petit-Palais), aurait fait preuve de philosophie, d’élégance à coup sûr, devant cet invraisemblable faux-bond !
Merci Florence
de me donner l’opportunité d’écrire un article sur James Tissot. Cela semble un peu surréaliste mais cela m’a permis d’imaginer cette exposition grâce à mes échanges passionnants avec Cyrille Sciama et de partager, du moins je l’espère, mon admiration pour ce peintre de génie.
Tissot me subjugue depuis longtemps, depuis qu’étudiante en histoire de l’art, je faisais des recherches à propos des liens très féconds qui existèrent entre mode et peinture (mon premier livre) au XIXème siècle et le rôle déterminant de la mode dans l’avènement de la modernité. Tissot savait qu’une belle robe, aussi exquise soit-elle, ne fait pas un bon tableau. Il fut très innovant dans la composition de ses toiles, y disposant avec brio, décors, vêtements, accessoires, attitudes comme autant de signes à décrypter. Il a su jouer avec les codes de la mode et de la société élégante d’une manière tout à fait unique et éblouissante. Quand pourra-t-on visiter l’exposition Tissot, l’ambigu moderne, dont le titre et la merveilleuse affiche invitent à une redécouverte ? Pourra-t-on seulement la voir? Initialement programmée entre le 24 mars et le 19 juillet 2020, dans le contexte actuel où tout reste incertain, personne ne sait encore si la date de clôture sera reportée, entreprise d’une complication extrême.
Cyrille Sciama, directeur du Musée des Impressionnismes à Giverny et co-commissaire de l’exposition James Tissot, l’ambigu moderne au Musée d’Orsay
Tissot aux Etats-Unis
L’exposition Tissot est un projet de longue date initié par le musée d’Orsay en collaboration avec les Fine Arts Museums (Legion of Honor/musée des Beaux-arts) de San Francisco où elle a été présentée du 12 octobre 2019 au 9 février dernier sous le titre, James Tissot : fashion and Faith. Aux Etats-Unis, le peintre est peu connu, il s’agit même de sa première rétrospective sur la côte Ouest. Les équipes franco-américaines ont travaillé ensemble mais les deux expositions sont différentes. La co-commissaire Melissa Buron (directrice du département des arts des Fine Arts) avait choisi de mettre en exergue la mode et la peinture religieuse : Tissot, on le sait moins, consacra les quinze dernières années de sa vie à illustrer la Bible et la vie de Jésus. La mode est plus attendue.
Les visiteurs de l’exposition américaine étaient accueillis par l’un des tableaux emblématiques du peintre, October (1877- musée des Beaux-Arts, Montréal) où Kathleen Newton, la muse, l’amoureuse, est saisie comme arrêtée dans une promenade, sous une branche de marronnier aux feuilles d’or retombant sur le sol. Ce grand tableau est fascinant, Tissot prouve qu’il est un excellent coloriste : les tonalités mordorées du feuillage offrent un contraste théâtral avec le noir de la veste brodée, du chapeau et de sa jupe à tournure aubergine -un faux-noir subtil-; et un génie dans le rendu des textiles. Cette qualité a été souvent rapprochée de ses origines; à Nantes, où il est né en 1836 et a vécu jusqu’à ses vingt ans, son père possédait un commerce de draperies florissant et sa mère était modiste. Etre né « dans le milieu de la mode » ne donne pas forcément un sens inné du style mais sans doute une mémoire visuelle, un amour des motifs, des textures, du tombé du tissus, de leurs reflets… Le goût avec lequel Tissot compose ses silhouettes et l’attention qu’il porte aux accessoires le situe dans la filiation d’Ingres qu’il admirait et dont l’élève, Flandrin, fut son maître lors de ses études à l’école des beaux-arts de Paris.
James Tissot « Octobre »1877, Montréal, musée des Beaux-Arts. (détail)
La composition d‘October évoque les estampes japonaises et le sujet intrigue car il est moins « comme il faut » qu’il n’y parait; le regard direct, le jupon et les bottines dévoilés par le geste de relever sa jupe sont osés pour l’époque où la pudeur est extrême et le maintien devait être… sans équivoque ! Avec October, Tissot rend hommage à la séduction féminine.
Mavourneen (ma chérie)
James Tissot Katlheen dans « Summer Evening dit aussi La rêveuse » Musée d’Orsay
Kathleen Newton est un personnage romanesque, jeune irlandaise divorcée, mère de deux enfants, ayant vécu une vie tumultueuse aux Indes, elle rencontre Tissot à Londres, vers 1876 : il sont voisins dans ce quartier de Saint John’s Wood où elle s’est installée chez sa sœur et où le peintre a acquis une grande maison qu’il a somptueusement décorée. Il s’est créé aussi un jardin mi-anglais mi-français puisqu’il y a fait élever une colonnade semblable à celle du parc Monceau. Kathleen a 18 ans de moins que Tissot, elle est très belle, avec des yeux clairs, de magnifiques cheveux, un teint d’autant plus pâle qu’elle est atteinte du mal du siècle, la tuberculose. Elle sera sa passion et sa muse, il ne cessera de la peindre jusqu’à sa mort tragique en 1882, à l’âge de 28 ans. Etant catholique, il lui fut impossible de l’épouser mais il l’installa néanmoins chez lui, ce qui lui valut la réprobation de ses clients fortunés et un tarissement de leurs commandes.
L’exposition montre les multiples clichés photographiques qu’il a pris de la jeune femme, de ses enfants, de la famille non conventionnelle qu’ils formaient et les nombreux tableaux qui en sont nés. Des confrontations qui seront certainement émouvantes et passionnantes. Une semaine à peine après la mort du grand amour de sa vie, Tissot quittera définitivement Londres pour rentrer à Paris.
au musée d’Orsay, consacrer une section particulière à la mode parût moins judicieux, tant celle-ci est intimement liée à son œuvre. Les co-commissaires, Marine Kisiel et Paul Perrin, conservateurs au musée d’Orsay, Cyrille Sciama, à la tête du musée des impressionnismes de Giverny depuis juin 2019, ont adopté un angle de vue et un parcours différents, préférant mettre l’accent sur l’ambiguïté et la modernité de l’artiste. Ils ont aussi travaillé sur le thème des jardins, les influences de Tissot dans le cinéma… Leur ambition fut de déshabiller ce dandy des idées reçues qui lui collent à la peau : peintre couturier, faiseur d’historiettes, chroniqueur de la vie mondaine… pour chercher, au-delà de sa séduction, à percer son mystère.
Tissot occupe une place particulière dans l’histoire de l’Art. Alors qu’il connut un immense succès de son vivant, il a été ensuite oublié puis considéré avec réserve, voire condescendance. Il reste inclassable, c’est un ami de Whistler et de Degas mais il s’engage dans sa propre voie picturale en partant -en 1871- faire carrière à Londres, en refusant de s’associer au groupe des Impressionnistes et de participer à la fameuse exposition de 1874.
De Marguerite aux portraits
A Orsay donc le parcours sera plus chronologique, débutant par des tableaux autour de l’histoire de Faust et de Marguerite de Goethe que l’Opéra de Charles Gounod avait remis au goût du jour. Ces tableaux historicisants, très à la mode sous le Second Empire, nous plongent dans les débuts du XVIème siècle et montrent déjà une perception juste du costume. Le jeune peintre fut critiqué pour avoir pastiché le peintre belge Henri Leys mais obtint, néanmoins la reconnaissance officielle de l’Etat français qui achète la Rencontre de Faust et Marguerite (collections du musée d’Orsay).
En 1864, changement de style : Tissot présente, toujours au Salon, deux figures contemporaines cette fois. Ces grandes toiles, Les Deux Sœurs et le Portrait de Melle L.L. (conservées au musée d’Orsay), l’une en plein-air, l’autre à l’intérieur, lui permettent de faire valoir qu’il est un portraitiste, prêt à entrer dans son siècle (dixit Théophile Gautier).
Le modèle qui a posé n’a pas encore été identifié mais elle est convaincante aux yeux des critiques de l’époque. Elle paraît vraie, sans affectation. « Ah! Que nous sommes loin des portraits à la mode, avec leurs airs prétentieux et leurs brillants atours ! » dira Thoré-Burger. Parce qu’au Salon, on voit essentiellement des robes de bal décolletées, sorte d’uniforme imposé du portrait mondain.
La petite fille est brillamment peinte dans sa robe courte (selon les conventions de l’époque le court veut dire à mi-mollets) ce qui laisse voir le détail ravisant des carreaux noirs et blancs (Tissot utilisera souvent ces motifs graphiques). Avec son air sérieux encadré par le ruban violet de ses cheveux, elle annonce le talent de Tissot comme portraitiste des enfants. La jeune-fille porte une robe blanche à taille légèrement haute; s’abritant d’une ombrelle claire, elle tient un grand chapeau à la main.
En 1867, Renoir représente sa maîtresse et modèle, Lise Tréhot en robe blanche un peu similaire dans un décor champêtre, Lise à l’ombrelle, mais certains soulignent que la robe parait mal ajustée sur le corps (le peintre aurait-il oublié le corset ?). Tissot adopte une touche plus académique dans la description des étoffes que Renoir mais il possède un sens de la mode plus juste et en maîtrise les codes (la tenue de Camille Doncieux dans le tableau de Camille à la robe verte de Monet sera, elle-aussi, jugée décalée).
Garde-robe de peintre
La Mode Illustrée, « Deux femmes chez un gantier au décor japonisant » 1879
Au Salon, les toilettes sont commentées et scrutées avec attention, d’autant plus que la mode commence à étendre son empire, que les distinctions vestimentaires entre aristocratie, grande bourgeoisie et parvenus se brouillent. Sous le Second Empire, la mode devient artistique et se diffuse plus largement : avec Worth, notre père de la Haute couture qui, pour la première fois ose se revendiquer un artiste, le développement de la confection, des grands magasins, des journaux de mode… Le costume représente un enjeu artistique, les écrivains et critiques d’art le soulignent car le portrait est un genre très demandé (suivant la même « démocratisation » que la mode). « Il faut non seulement une unité entre l’âme et la parure, mais dans le vêtement lui-même. » écrit Charles Blancqui rédige un incroyable manuel de l’Art dans la parure et dans le vêtement (1875). Plus, certains la présentent comme l’arme d’une révolution picturale à venir : l’avènement de la modernité.
Affiche de l’exposition : James Tissot « La galerie du HMSCalcutta (POrthmouth) (détail) vers 1876. 68,20 X 91,80. Royaume Uni, Londres, Tate
James Tissot « Ces dames des chars » vers1883-1885 – Providence, Rhod Island School of Design Museum.
Tissot est un homme élégant et raffiné, en phase avec son époque. Avant-gardiste, il collectionne les objets japonais nouvellement importés par des marchands parisiens. Suivant la tendance du Japonisme, il en décore sa demeure -sur l’actuelle avenue Foch- et utilise un kimono dans quelques tableaux (notamment le nu sensuel de la Japonaise au bain -1864, musée de Dijon-).
Il se constitue un fond d’atelier avec des toilettes fétiches apparaissant dans de nombreuses toiles, à des années d’écart parfois, ce qui nuance son ambition d’être forcément à la dernière mode. Robes-modèle sans cesse reprises, elles dégagent une volupté de froufrous avec leurs rubans flottants, leurs superpositions légères, un érotisme suggéré avec les volants des faux-culs (terme consacré), les courbes des hanches galbées par le corset…
« Ta courbe de hanche, ma ligne de chance » (Belmondo à Anna Karina dans Pierrot le fou)
Une jeune femme moderne
L’autre tableau, le Portrait de Melle L.L, daté de février 1864 ose une pose peu conventionnelle, un peu effrontée : la jeune demoiselle semble assise sur une fesse sur le coin d’une table. Son boléro orné de pompons est à la mode, ces vestes « à la zouave » flattent les origines espagnoles l’impératrice Eugénie, elles font le chic des « toilettes des eaux » (ou bains de mer) et des « toilettes d’intérieur ». Le caraco est d’un rouge éclatant, « trop rouge » selon Burger. Sous la jupe noire, apparaît le bout du soulier. Il y a, pour cette société corsetée qui consulte frénétiquement les guides des bonnes manières, une liberté étonnante dans l’attitude du modèle dont le charme opère aujourd’hui encore. Un petit bouquet de violettes, des livres sur la table… Tissot sème des indices : un roman, comme celui qui sera sous le bras de la promeneuse d’October ? Les femmes qui lisent sont séduisantes, à défaut d’être dangereuses !
Tissot aime la littérature et la mode et il réalise le vœux de Baudelaire : il extrait du vêtement de son époque « la beauté » en « peintre de la vie moderne ». C’est un challenge alors : pour se démarquer des portraits mondains de femmes statufiés dans des robes de bal ou de la grande peinture d’histoire figurant des déesses finalement très datées, il faut qu’une nouvelle génération de peintres s’attaque à « la note spéciale de l’individu moderne dans son vêtement au milieu de ses habitudes sociales » (Duranty). Cela lui réussira, Tissot, le dandy, va bientôt entamer une carrière de portraitiste célèbre et fortuné.
Le peintre du High Life
James Tissot « Portrait du marquis et de la marquise de Miramon et de leurs enfants » Musée d’Orsay (détail)
James Tissot « Portrait du marquis et de la marquise de Miramon et de leurs enfants » Musée d’Orsay (détail)
Le marquis et la marquise de Miramon, lui commandent un portrait de famille, (Le marquis et la marquise de Miramon avec leurs enfants -1865, Musée d’Orsay), ainsi qu’un portrait en pied de la marquise dans un déshabillé rose (qui sera exposé à l’Explosion universelle de 1867 sous le titre Portrait de la marquise de M***). Il est probable que le marquis soit aussi à l’origine de la commande du portrait de groupe, Le Cercle de la rue Royale (1866, musée d’Orsay). Incroyable tableau de presque 3 mètres de long réalisé à 28 ans ! Une merveilleuse galerie d’hommes du monde sur la terrasse de l’hôtel de Coislin surplombant la place de la Concorde. La composition emprunte à la gravure mode et à la tradition anglaise des portraits d’assemblée mondaine, tels ceux de Hogarth. Elle présente la richesse du vestiaire masculin et une leçon de style. L’exposition va-t-elle donner les détails et circonstances de ces tenues du High Life? Dans cette assemblée réunissant à la fois le Boulevard Saint-Germain et la grande bourgeoisie de l’industrie et de la finance, l’allure de ces hommes est éblouissante, il y a l’urbanité des uns, la droiture des autres, la délicatesse du prince de Polignac -assis à droite-, la vivacité de Charles Haas -modèle de Swan-, surgissant à l’extrême droite, prêt à bondir dans la conversation.
Les douze commanditaires ont poussé l’élégance jusqu’à tirer au sort l’heureux bénéficiaire du chef-d’œuvre (ce sera le baron Hottinguer, assis sur le canapé au centre à côté de Miramon).
James Tissot : Charles Haas « Le Cercle de la rue Royale » 1868 – Musée d’Orsay (détail)
James Tissot à gauche : le comte Alfred de la Tour-Maubourg – à droite : le marquis du Lau
« Le Cercle de la rue Royale » 1868 – Musée d’Orsay (détail)
James Tissot, à gauche : le comte J. de Rochechouart ; au centre M.C. Vansittard et à droite : le marquis R. de Miramon
« Le Cercle de la rue Royale » 1868 – Musée d’Orsay (détail)
James Tissot, de gauche à droite : le marquis de Ganay, M. Gaston de Saint Maurice, le prince Edmond-Melchior de Polignac et le marquis de Gallifet
« Le Cercle de la rue Royale » 1868 – Musée d’Orsay (détail)
Trop british?
Il y a aura ensuite les dessins pendant la guerre de 1870, le départ pour Londres, les caricatures pour Vanity Fair, le succès en Angleterre avec la réalisation de nombreux portraits et des tableaux dont les sujets déconcertent tel Holydays (1876, Londres, Tate) qu’Oscar Wilde trouvait vulgaire, des tableaux plus proches de ceux des préraphaélites où Tissot mélange les styles vestimentaires avec des éléments XVIIIème, et aussi les scènes sur la Tamise… Toutes ces merveilles qui attendent derrière les murs de l’ancienne gare d’Orsay…Des toiles venues du monde entier, d’Angleterre, de Suisse, des Etats-Unis, du Canada, de grands musées et de prêteurs particuliers, c’est si étrange de les savoir confinées !
Les dernières salles sont consacrées au retour de Tissot à Paris où la présentation en 1885 à la galerie Sedelmeyer des quinze tableaux de sa grande série La femme à Paris, est un échec, un sacré revers pour celui dont Oscar Wilde disait qu’il représentait des « femmes surchargées de toilettes à la mode » : sa parisienne est démodée ! C’est vrai que l’Ambitieuse (1883-1885, Buffalo, Albright Knox Art Galley) porte une étrange ceinture corselet noire. Ne devrait-elle pas porter un strapontin (ce faux-cul à angle droit articulé de cerceaux qui, par une analogie toute théâtrale, se relevait lorsque les femmes s’asseyaient)?
Une œuvre pour le cinéma
Alors le mysticisme s’empare du peintre qui cherche à communiquer avec la regrettée Kathleen lors de séances de spiritisme, puis une vision dans l’église Saint-Sulpice le convainc de se consacrer à la peinture religieuse. Tissot fait trois voyages en Terre Sainte pour se documenter et réaliser environ 300 aquarelles de la vie de Jésus Christ qu’il présente au Salon de 1894, recueillant cette fois, un immense succès. Publié en 1896 (il a alors 60 ans) sous le titre La Vie de Notre Seigneur Jésus-Christ, l’album des aquarelles est un véritable best-seller.
L’exposition se termine par un hommage cinématographique : des extraits de films, Maurice de James Ivory (1987), Le temps de l’innocence de Martin Scorcese (1993), Portrait of a lady de Jane Campion (1996), tous fortement influencés par les tableaux de Tissot dont certains cadrages reproduisent fidèlement les images du maître.
Nicole Kidman « The portrait of a Lady » film de Jane Campion. 1996.
Reste à patienter en espérant que cette exposition ne disparaisse pas dans les limbes du confinement. Se plonger dans les livres, les catalogues. Regarder le documentaire d’Arte qui lui est consacré, Tissot, l’étoffe d’un peintre. Voir ou revoir les films cités ci-dessus pour s’amuser à retrouver les tableaux….
BIBLIOGRAPHIE:
Catalogue de l’exposition Tissot, l’ambigu moderne, éditions Rmn, 2020
James Tissot -Exhibition catalogue – FAMSF Publications
Catalogue de l’exposition L’Impressionnisme et la mode, Skira-Flammarion, 2012
Cyrille Sciama, James Tissot et ses maîtres, Somogy,2005
Cyrille Sciama, Le Beau bizarre, les peintres du XIXe siècle du musée d’arts de Nantes, Passage, 2017
Marie Simon, Mode et peinture, le Second Empire et l’Impressionnisme, éditions Hazan, 1995
«L’art, la mode et la modernité», Connaissance des Arts, 2012
« Mode et érotisme, une ambiguïté mise en lumière au XIXème siècle», dans l’ouvrage collectif dirigé par Gabrielle Houbre, Isolde Pludermacher et Marie Robert, édité à l’occasion de l’exposition Splendeurs et misères au musée d’Orsay, Prostitution, des représentations aveuglantes, éditions Flammarion M’O, Paris, 2015.
at the Musée d’Orsay
It seems almost like an apparition. Canvases hang from the picture rails of a completely deserted
Musée d’Orsay, lacking both lights and decorative framing. It’s a phantom exhibition that has been
seen by no one. Unfortunately, the March 24 th opening never came to fruition due to coronavirus
concerns, a sort of irony that Cyrille Sciama, a specialist in Tissot’s works, tells me would have quite
amused the painter. Tissot, an uprooted artist who changed his classically French name Jacques Joseph
to the in vogue English name James, was deemed “too English” by his countrymen upon his return to
France after an 11-year self-imposed exile in London. With his last Parisian retrospective having
occurred in 1985 (35 years ago at the Musée du Petit-Palais), this latest exhibit would certainly have
displayed both philosophy and elegance, were it not for this unexpected crisis.
When will we be able to see the Tissot, l’ambigu moderne exhibit, whose wistful title and exquisite
poster compel us to dive into the world of Tissot? Will we ever be able to see it? Though the exhibit
had initially been scheduled for March 24th through July 19th of this year, the abounding uncertainty
and complication of the present day mean that no one knows for sure if the end date will be pushed
further into the future.
Thank you, Florence
for giving me the opportunity to write this article on James Tissot. The surrounding circumstances
make this a bit surreal, but I hope to share my admiration for this masterful painter. For some time
now Tissot has captivated me, ever since I was an art history student, I had been doing research on the
links between fashion and painting in the 19th century (the topics of my first book) and the decisive
role that fashion played in the advent of modern-life painting. Tissot understood that a beautiful dress,
as stunning as it might be, does not necessarily make a quality painting. He was extremely innovative in
his compositions, brilliantly arranging decorations, clothing, accessories, and moods, giving viewers
many ways to interpret his work. He truly knew how to play with the rules of fashion and high society
in a uniquely dazzling way.
Tissot in the United States
The Tissot exhibit is a long-standing project initiated by the Musée d’Orsay in collaboration with the
Fine Arts Museums (Legion of Honor/Musée des Beaux-arts) of San Francisco, where it was presented
from October 12, 2019 until February 9, 2020 under the title, James Tissot: Fashion and Faith. In the
United States, the painter is relatively unknown, and this was his first retrospective on the West Coast.
Though the French and American teams collaborated, the two exhibits are quite different from one
another. Co-curator Melissa Buron (director of the Fine Arts department), had chosen to highlight his
paintings depicting both fashion and religion. Though a lesser known fact about him, Tissot devoted
the last 15 years of his life illustrating the Bible and the life of Jesus. That said, fashion remains what he
is most well-known for.
Visitors of the American exhibit were greeted by one of Tissot’s most emblematic paintings, October
(1877, Musée des Beaux-Arts, Montréal), where Kathleen Newton, his muse and lover, is captured on
a walk surrounded by the branches of a chestnut tree with golden leaves falling to the ground around
her. This large painting is highly intriguing, and here Tissot proves his talent with color and texture.
The golden hues of the foliage offer a dramatic contrast to Kathleen’s dark embroidered jacket, hat,
and aubergine-tinted skirt. His gift for reproducing textiles in paintings is often traced back to his
roots. In Nantes, where he was born in 1836 and lived until his twenties, his father owned a flourishing
drapery business, while his mother was a milliner. Though growing up surrounded by fashion may not
necessarily have given him an innate sense of style, it more than likely instilled within him a visual
memory and a love of patterns, textures, and fabrics. The taste with which Tissot composes his figures
and the attention he pays to accessories placed him under the tutelage of French Neoclassical painter
Jean-Auguste-Dominique Ingres, whom he admired greatly and whose pupil Hippolyte Flandrin was
his teacher at the École des Beaux-Arts in Paris. The composition October evokes Japanese prints, and
the subject is particularly interesting due to its alluring nature. The piercing look, as well as the
petticoat and boots revealed by the gesture of raising her skirt were quite daring at a time when great
pride was placed upon modesty. But in October, Tissot pays tribute to female seduction.
Mavourneen (ma chérie)
Kathleen Newton is a romantic character. A young Irish divorcée and mother of two, she lived a
tumultuous life in India and met Tissot in London around 1876. Here, they were neighbors in the
district of Saint John’s Wood, where Newton settled with her sister and where Tissot acquired a large
house that he lavishly decorated. He also built up a half-English, half-French garden, as he had erected
a colonnade similar to the one found in the Parc Monceau in Paris. Kathleen was 18 years junior to
Tissot. She was a beauty with lightly colored eyes, luxurious hair, and a complexion rendered pale due
to her affliction with tuberculosis. She became Tissot’s passion and his muse, and he did not cease
painting her until her tragic death in 1882 at the age of 28. Having been Catholic, he never could
marry her, but she nevertheless took up residence with Tissot. This earned him the disapproval of his
wealthy customers, who then stopped giving him business. The exhibition displays several
photographs that he took of the young woman, her children, and the unconventional family they
formed; many paintings were born as a result of these photos. Barely a week after Kathleen’s death,
Tissot left London and returned to Paris.
In Paris
At the Musée d’Orsay, co-curators at the Musée d’Orsay Marine Kisiel and Paul Perrin, along with
Cyrille Sciama head of the Musée des Impressionnismes de Giverny since June 2019, adopted a
different perspective, preferring to focus on the ambiguity and modernity of the artist. They also
focused on garden themes, as well as the influences he had on film. Their vision was to highlight his
virtuosity, not only as a fashion painter, but also as a storyteller of his social surroundings leading us to
discover his underlying mysteries.
Tissot occupies a special place in art history. While he saw immense success during his life, he became
largely forgotten, and later reconsidered with a measure of disdain. He remains unable to be classified,
and though he was friends with Whistler and Degas, he embarked on his own artistic path by
departing for London in 1871. He truly paved his own way by refusing to associate himself with other
Impressionists and declining to participate in the famous 1874 exhibition.
From Marguerite to portraits
At the Musée d’Orsay, the exhibition is mostly chronological, beginning with paintings about the
story of Faust and Marguerite de Goethe that Charles Gounod’s opera had made popular. These
paintings, which were very in vogue under the Second French Empire, transport us to the 16th century
and already show Tissot’s apt perception of the era’s fashion. The young painter was criticized for
having copied Belgian painter Henri Leys, but nevertheless he earned the official recognition of the
French state, which ultimately bought his work The Meeting of Faust and Marguerite (housed at the
Musée d’Orsay).
In 1864, Tissot’s style changed. At the exhibition, Tissot presented two more contemporary pieces.
These large works, The Two Sisters and Portrait of Miss L.L. (housed at the Musée d’Orsay), allowed
Tissot to assert himself as a portrait artist for the first time. The subject of the latter portrait had not
yet been identified, but she was a convincing depiction in the eyes of critics. She appears simply as
herself, without trying to be anything else. “Ah! How far we are from the fashionable portraits, with
their air of pretentiousness and flashy attire!” said Thoré-Bürger. Because at the exhibition, there were
mostly low-cut ball gowns, which had become a sort of uniform imposed upon portraits of the time.
In The Two Sisters, the younger girl is vividly depicted in her short dress (according to conventions of
the era, short meant mid-calf), the older girl wears a white dress with a high waist, holding a parasol in
one hand and a large hat in the other.
The painter’s wardrobe
At the exhibition, grooming was given much attention as the influence of fashion began to grow, and
the distinction between the aristocracy and the upper-middle class started to blur. During the Second
French Empire, fashion became a widely known art form. For instance, Charles Frederick Worth,
recognized as the father of haute couture, dared to proclaim himself an artist. On top of that, there was
the rise of garment manufacturing, department stores, and fashion publications. Clothing represented
an artistic challenge, with writers and art critics pointing out that portraits had become quite popular
and even following the same democratization as fashion.
Tissot was a refined and elegant man, very much in line with his time. As a fan of the avant-garde, he
collected Japanese treasures imported by Parisian merchants. Following the trend of Japonisme, he
decorated his home, located on the current Avenue Foch, in a similar taste, portraying kimonos in
some of his paintings (notably, the sensual nude The Japanese Bather, 1864, housed at the Musée de
Dijon).
He created an atelier with grooming at the forefront in his paintings, which were often completed
years apart from one another, further highlighting his desire to be up to date with the latest fashions.
He used dress models often, who in the paintings give off a frilly voluptuousness with their flowy
ribbons, as well as a touch of eroticism with bustles that highlight their curves.
« Ta ligne de hanche, ma ligne de chance. » (Belmondo to Anna Karina in French film Pierrot
le fou -J.L Godard)
A modern girl
Portrait of Miss L.L., dated February 1864, is daring in its unconventional and somewhat cheeky pose:
The young lady seems to be perched with half of her rear on the corner of a table. Her bolero, adorned
with fashionable pompoms, is a nod to the Spanish origins of the Empress Eugénie. The camisole is of
a bright red (“too red,” according to Bürger), and underneath her black skirt, we can see the point of a
shoe. There is, for this corseted society that minds good manners, a certain freedom in the attitude of
the model whose charm still resonates today. Tissot gives us these hints of liberation. A novel, like the
one under the arm of the woman in October? He asserts with his work that women who read are
attractive, and perhaps even dangerous because of it!
Tissot loved literature and fashion, and he brought about Baudelaire’s wishes: With clothing, he
extracted beauty and depicted modern life. But here lay the challenge of diverging from ball gown-clad
figures and historical paintings portraying goddesses that were characteristic of the time. With these
becoming to be considered as dated subjects, a new generation of painters had to then address the
subject of the modern individual performing social duties, according to Duranty. This ultimately
helped shape Tissot’s successful career as a renowned portrait artist.
The painter of “High Life”
The Marquis and the Marquise of Miramon commissioned Tissot to paint them a family portrait
(Portrait of the Marquis and Marchioness of Miramon and their children, 1865, Musée d’Orsay).
They also commissioned him to paint a full-length portrait of the Marquise in a pink negligée, which
was put on display at the International Exposition of 1867 under the title Portrait of the Marquise de
Miramon. It is quite probable that the Marquis was also the commissioner for the group portrait The
Circle of the Rue Royale (1866, Musée d’Orsay), which was an astounding 3-meter painting completed
when the artist was 28. The scene depicts a gallery of worldly men on the terrace of the Hôtel de
Coislin overlooking the Place de la Concorde. The composition borrows from both fashion prints and
the English tradition of group portraits, such as those of Hogarth. The painting displays the richness
of the male wardrobe and is also a lesson in style. Perhaps the exhibition provides further background
on the details and circumstances of these sophisticated outfits!
In the gathering portrayed, bringing together both the Boulevard Saint-Germain and the bourgeoisie
of industry and finance, the appearance of these men is stunning. One can observe the urbanity of
some, the righteousness of others, the delicacy of the Prince of Polignac (seated on the right), and the
vivacity of Charles Haas (appearing on the far right) who seems ready to leap into the conversation.
The 12 backers of the painting determined its ultimate owner would be determined by a special draw,
of which Baron Hottinguer ended up being the winner.
Too British?
There were then Tissot’s drawings during the War of 1870, his departure for London, his caricatures
for Vanity Fair, etc. He achieved success in England with his many paintings whose subjects were
disconcerting to many viewers, such as Holyday (1876, London, Tate), which Oscar Wilde saw as
vulgar. Other paintings were similar to those of the pre-Raphaelites, where Tissot mixes clothing styles
with 18th-century elements, in addition to scenes on the Thames. It is sad that these marvelous
paintings that have come from major museums and private lenders across the world, will remain
unseen within the walls of the old Orsay station.
The final rooms in the exhibition are devoted to Tissot’s return to Paris, where his presentation of 15
paintings from his collection The Parisian Woman at the Sedelmeyer Gallery was deemed a failure.
This marked a huge setback for the man Oscar Wilde said depicted women who were overly groomed.
It then seemed that Tissot’s idea of a Parisian woman was out of style!
Work in film
Later on, mysticism seems to take hold of the painter, who seeks to communicate with the late
Kathleen during spiritual séances. He also claims to have a vision in the Église Saint-Sulpice that
convinced him to take up religious painting. Tissot made three trips to the Holy Land to create about
300 watercolor paintings of the life of Jesus Christ, which he presented at the 1894 Salon to
tremendous acclaim. Published in 1896 when Tissot was 60, under the title The Life of Our Lord Jesus
Christ, the watercolor album became a bestseller.
The exhibition ends with a cinematographic tribute: extracts from films such as Maurice by James
Ivory (1987), Le temps de l’Innocence by Martin Scorcese (1993), and Portrait of a Lady by Jane
Campion (1996), all of which were strongly influenced by Tissot’s paintings. Several of the frames in
these films depict Tissot’s work quite accurately.
Now, we must wait and hope that this exhibit is not forgotten in the midst of a prolonged quarantine.
However, it is still possible to immerse yourself in books and catalogues. You can also watch Arte’s
documentary, Tissot, l’étoffe d’un peintre. Or perhaps even watch the films mentioned above and
challenge yourself to find the Tissot works within them!
Encore quelques jours et ce sera possible de profiter des rayons de soleil qui baignent cet ilot de verdure face à la Tour Eiffel, le jardin de la Maison de Balzac après bien sûr la visite de cette belle galerie de portraits de la Comédie Humaine par Eduardo Arroyo.
Eduardo Arroyo
Eduardo Arroyo (1937-2018) et Honoré de Balzac (1799-1850) , c’est une longue histoire. En 1958, Arroyo, étudiant à l’école de journalisme, il fuit l’Espagne de Franco et s’exile en France où il abandonne le journalisme pour la peinture. En se promenant boulevard Raspail, il voit la sculpture d’Honoré par Auguste Rodin. Il découvre un peu plus tard les portraits de l’écrivain par Picasso puis c’est au tour de son ami Gilles Aillaud de lui parler de ce très court roman « Une passion dans le désert », l’histoire surréaliste d’un soldat qui tombe amoureux d’une panthère. (cf article précédent).
Episode 1 : Le portrait de Balzacpar Eduardo Arroyo, racontée par Yves Gagneux, directeur de la Maison de Balzac
En 1964, les deux amis s’associent avec Antonio Recalcati et, s’inspirant du roman, peignent 13 peintures qui deviennent le manifeste de la Figuration Narrative, nouveau mouvement artistique en réaction au Pop-Art.
Eduardo Arroyo « Madame Hanska »
« La peinture est en quelque sorte littéraire ; et c’est dans ce sens que je travaille sur des thèmes. Il y a un début, une fin, des personnages, et l’ambiguïté propre aux romans. C’est donc un récit, comme si j’avais écrit une quinzaine de romans…» Eduardo Arroyo
A la suite , Eduardo Arroyo fait l’acquisition de la Comédie Humaine et selon ses mots rapportés par d’Yves Gagneux, directeur de la Maison de Balzac, il tombe dedans.
Il se plonge dans le personnage, sa littérature, découvre Balzac, décorateur, l’écrivain désargenté qui vient d’acquérir la Maison des Jardies sur les coteaux de Sèvres, sans fortune pour la meubler à son goût Balzac rêvait de signatures prestigieuses sur ses murs, il prend alors son crayon et écrit simplement sur les murs les noms des Maîtres. « Ici un plafond peint par Delacroix » « un tapis de la Savonnerie »,..
Episode 2 : La belle Zélie par Eduardo Arroyo, racontée par Yves Gagneux, directeur de la Maison de Balzac
Eduardo Arroyo utilise sa mémoire, il écrit beaucoup également, ses oeuvres sont des recherches autobiographiques. et pour représenter la décoration intérieure de la maison de Balzac, il réalise des collages de photographies à lui , des intérieurs, des morceaux de papier peint, la coupe du meuble désiré… et à chaque fois un portrait de Balzac crayonné.
Le peintre s’est constitué de vraies palettes non pas de peinture mais à base de photographies, récupérées dans des brocantes, marchés aux puces… , des gris, des beiges, du noir, du plus clair au plus foncé. Il choisit ensuite les photographies, pour les mettre en forme et les coller une à une, pour représenter le motif qu’il a décidé. C’est un travail très long et minutieux de marqueterie. Au lieu d’un trait de crayon qui lui suffirait à dessiner un portrait comme celui de Balzac, ce sont des heures de patience, pendant lesquelles il a le temps de voir ces images, ce temps passé devient un travail de mémoire, il projette dans son oeuvre des souvenirs personnels. L’écrivain devient alors un activateur de sa propre mémoire.
Episode 3 : Le Colonel Chabert par Eduardo Arroyo, racontée par Yves Gagneux, directeur de la Maison de Balzac
Tous ces portraits de la Comédie Humaine défilent devant nous, des figures étranges comme si elles étaient masquées, des visages aux traits souvent exagérés durs, il faut savoir lever ce masque pour découvrir la véritable identité de son propriétaire. Ces personnages sont un prétexte pour l’artiste de replonger dans les souvenirs de son passé, toutes ces petites photos qu’il découpe minutieusement et qu’il colle une à une lui donnent le temps d’y songer. De même que chaque personnage des romans de Balzac sont le reflet de cette comédie intemporelle de la vie. Comme un herbier humain que le peintre et l’écrivain ont entrepris de réaliser offrant des possibilités à l’infini. C’est le colonel Chabert qu’il associe à l’histoire de son pays qu’il a fui, la dictature des colonels. les maîtres de la peinture, Jean Dominique Ingres, qui l’inspire avec la belle Zélie, c’est aussi le destin de l’artiste qui tente son chef-d’oeuvre inconnu…
Une Comédie Humaine qu’il a entrepris mais qui reste inachevée par sa disparition en 2018.
Tous ces portraits sont présentés à la Maison de Balzac, pour cette exposition qui est consacrée à l’artiste Eduardo Arroyo.
«A l’origine, mes tableaux étaient plus anecdotiques, travaillés avec des matières. Avec le temps, je l’ai abandonnée, la matière… C’est vrai qu’il y a eu un changement profond dans mon œuvre. Quand l’Espagne a retrouvé sa liberté, moi aussi j’ai retrouvé ma propre liberté. Les thèmes de l’espagnolade m’obsédaient moins. Ma peinture est devenue plus douce, plus cryptique, plus ambiguë plus surréaliste. À présent je peins à Paris, je peins à Madrid, et je peins dans ma montagne de Leon, près des Asturies. Ce sont mes trois lieux de prédilection.» Eduardo Arroyo
Dès ma première rencontre avec l’artiste Kate Daudy, j’ai été conquise. Conquisepar sa personnalité, fascinée par son monde. Un monde à part, magique. Telle une éponge, Kate Daudy absorbe en elle les souffrances de notre époque. Avec intensité. Elle voudrait pouvoir, par ses oeuvres, « changer le monde ». Et elle le fait. La magie de Kate Daudy transforme ses sujets même les plus sérieux, en créations artistiques aux couleurs vives, à l’énergie communicative, aux références apaisantes, poétiques, parfois même drôles. Son regard particulier emplit ses oeuvres d’un espoir contagieux qui nous captive. Car Kate Daudy est aussi forte qu’elle est sensible. « Une guerrière écossaise optimiste » comme elle aime se le rappeler. Ses oeuvres racontent tout cela.
With Artist Kate Daudy in front of River, It wasn’t That At All exhibition, Saatchi Gallery, since Nov 2nd 2019
The Gaze of a Parisienne & Spirit Now London présentent l’artiste Kate Daudy Crédit photo de la couverture: Tobias Harvey
La littérature Chinoise comme inspiration
Kate Daudy a étudié l’histoire de la littérature Chinoise. Elle s’est intéressée en particulier à une pratique ancienne des lettrés qui consistait à écrire sur les objets du quotidien, afin de mieux comprendre l’univers. Ainsi lors des rituels religieux, inscrivaient-ils les incantations des oracles sur des coquillages et des carapaces de tortue.
Diary, 2014. texte brodés sur tissus.
Cette pratique de l’écriture est un élément fondateur du travail de Kate Daudy. Ses lettres colorées se mêlent aux paysages du Yorkshire Sculpture Park, envahissent les grandes villes comme New-York, Londres, Manchester ou encore Aman en Jordanie. Elles viennent aussi se poser sur des objets ou des oeuvres en tissus. Ses mots reflètent ou transforment le sens de l’objet représenté. Comme « Diary« , une sublime robe de mariée, dont la jupe est couverte de phrases qui expriment…. la déception et le désamour !
Written intervention NY, 2017
« It Wasn’t That At All », exposition à la Saatchi Gallery de Londres
Exposition ‘It Wasn’t that at All« , Saatchi Gallery depuis le 2 Nov 2019
C’est ce projet passionnant qui nous a réunies. J’ai eu le grand plaisir de collaborer avec Kate Daudy à l’organisation de cette exposition ainsi que de participer à son commissariat. .
avec Kate Daudy à l’entrée de l’exposition à La Saatchi Gallery, si fière d’y avoir collaboré!
Il y a un an et demi, Philly Adams, Directrice de la Saatchi Gallery, propose à Kate Daudy de créer une réponse contemporaine à la célèbre exposition des Trésors de Toutânkhamon. Elle offre ainsi un dialogue inédit entre les exceptionnelles pièces de la tombe du jeune Pharaon et le regard d’une artiste du XXIème siècle. Kate Daudy s’est plongée dans l’étude des anciens textes Egyptiens. Elle a reçu l’aide de Richard Parkinson, l’un des plus grands professeurs en Egyptologie à Oxford, qui lui a ouvert les portes du « Griffith Institute » et lui a révélé des secrets que personne ne connait!
Exposition ‘It Wasn’t that at All« , Saatchi Gallery depuis le 2 Nov 2019
Avec Kate Daudy tout part de l’humain. Aussi son exposition, It Wasn’t That At All, s’intéresse-elle à ce que nous partageons tous en tant qu’êtres humains, que ce soit Toutânkhamon et ses contemporains ou nous-mêmes, quelques 3 500 ans plus tard. La confrontation avec la mort, la quête incessante de l’immortalité, le sujet crucial de notre relation à la Nature, la questionnement existentialiste de ce que nous sommes et ce que nous laisserons derrière nous.
Le mystère de l’au-delà et la quête de l’immortalité
I felt that what I could not see or record would cease to exist, 2019. (représentation d’outils de momification)
Depuis la nuit des temps, l’homme recherche, par des rituels religieux ou païens, à atteindre une forme d’immortalité. Aujourd’hui la science, s’est jointe aux croyances dans ce même dessein. Les progrès médicaux, comme la transplantation cardiaque, ont ainsi permis de repousser les limites de la vie. Plusieurs oeuvres de Kate Daudy illustrent ces sujets et mettent en regard les rituels de momification et nos pratiques actuelles.
serie ‘Dialogue of a man and his soul‘, 2019
La première confrontation de Kate avec la mort a été celle d’un ami très cher. Sa veuve a réuni ses proches autour de feux d’artifice, dans lesquels avaient été placées les cendres de son mari. Particulière touchante sa série, Dialogue of a Man and his Soul, montre trois immenses feux d’artifice, entrecoupés de textes, issus des psaumes du « Livre de Morts » (environ -1700 avant JC).
Prendre soin de la Nature
Sun , 2019
Moon, 2019
A l’époque des Pharaons, les Egyptiens vénéraient la nature dont les éléments étaient incarnés par des dieux. Hâpy, le dieu du Nil en crue, nourrissant toute la population, Rê, dieu du Soleil, éclairant et réchauffant le monde ou encoreKhonsou, dieu de la Lune, il aidait les voyageurs perdus dans la nuit et les femmes à donner la vie. Aujourd’hui plus que jamais, notre relation avec la nature est un enjeu essentiel à notre survie. Kate Daudy lui rend hommage avec de magnifiques oeuvres créées à partir de feutrine découpée et de broderies.
‘Shelter‘ et inspirations de sa création
The Past never remains in the Past : toutes ces choses que nous laissons derrière nous…
Lorsqu’en 1921 Carter découvre la tombe de Toutânkhamon, au vu des trésors trouvés, le monde entier s’émeut devant la sépulture de celui qui avait du être un « Grand Pharaon ». Bien plus tard, les études des historiens et scientifiques, montrent qu’il n’en est rien. Mort très jeune (18 ans) et totalement sous l’influence des prêtres, le jeune Pharaon n’a rien fait durant son court règne. Pire, à sa mort, on a cherché à l’oublier. Enterré à la va-vite, son tombeau a été rempli d’objets pris d’anciennes tombes, même son masque serait celui d’une reine que l’on aurait raboté. Un peu plus tard, son tombeau sera recouvert par une autre tombe, rendant difficile la découverte de sa sépulture. La quantité des trésors trouvés s’explique uniquement par le fait que la tombe du jeune Pharaon a été très peu pillée, contrairement à celles des grands Pharaons.
Serie ‘Psychological landscapes’, plan et trésors du tombeau de Toutankhamon
Se pose la question de ce que nous laissons derrière nous. Que reste-t-il de ce que nous avons été? Qu’est ce qui nous définit vraiment? Pour Kate Daudy, ce ne sont pas les choses matérielles qui comptent, mais ce sont nos actes et nos décisions qui révèlent qui nous sommes réellement. C’est cela le vrai « héritage » que nous laissons.
Visite Privée avec Spirit Now London, passionnant groupe de collectionneurs créé par Marie Laure de Clermont Tonnerre
Une artiste philanthrope engagée, le projet ‘Am I my Brother’s Keeper?’
En 2016, Kate Daudy, bouleversée par la crise des migrants dans le monde entier, décide de découvrir par elle-même la situation des populations dans les zones de conflict au Moyen-Orient. A partir de son expérience sur le terrain, elle a créé une oeuvre puissante et immersive,’ Am I my Brother’s Keeper?’, sur l’identité et la reconstruction d’une vie après le chaos.
‘Am I my Brother’s Keeper?’ inside Saint Paul Cathedral , London June 2019
Aller sur place pour connaitre la vérité
Grâce au UNHCR, elle a pu se rendre dans les camps de réfugiés, et rencontrer des populations déplacées, des blessés de guerre mais aussi des médecins, des diplomates, des associations humanitaires, etc… Elle a recueilli les témoignages sur leur vécu de cette crise des migrants.
L’impressionnante résilience des hommes
Kate Daudy m’a raconté combien elle avait été frappée et touchée par le courage, la persévérance et la dignité de ces personnes qui, après avoir tout perdu, famille, maison etc…, faisaient part de leur grande chance d’être encore en vie!
« Cette tente exprime la capacité des hommes à transcender les circonstances difficiles et à se battre pour un meilleur futur » commente Kate Daudy
Avec de superbes broderies commandées à des femmes Syriennes et les propres mots des réfugiés, l’artiste a transformé une vieille tente du UNHCR, en une installation artistique très émouvante, qui parle de la dignité et de l’espoir des réfugiés.
Le voyage autour monde
Kate Daudy a offert cette oeuvre, ‘Am I my Brother’s Keeper?‘ au UNHCR en 2017. Elle est devenue un symbole universel de fraternité et d’entraide. Depuis le début, elle a reçu un accueil extraordinaire et de nombreux pays ou institutions continuent à la demander. Elle a voyagé en Europe dans les principaux musées, manifestations artistiques et universités. En Juin 2019 elle a été installée au coeur de la Cathédrale St Paul à Londres. Actuellement en Espagne depuis plusieurs mois, elle sillonnera les Etats Unis en 2021 .
Livre de l’exposition « It Wasn’t That At All » à la Saatchi Gallery
Les oeuvres de KD éveillent, surprennent et captivent. Cette artiste a un don de magicienne: elle nous fait ressentir les enjeux majeurs qui touchent à l’humain, par des créations lumineuses, poétiques, parfois disruptives toujours optimistes et tellement inspirantes!
Le film présentant l’artiste Kate Daudy a été réalisé en partenariat avec Spirit Now London. Fondé en 2015 et dirigé par Marie-Laure de Clermont-Tonnerre, Spirit Now London est une organisation philanthropique qui consacre tout ses revenus au financement d’institutions culturelles et au soutient de jeunes artistes. C’est un cercle privé et international de bienfaiteurs, collectionneurs et amis, à qui Spirit Now London offre l’opportunité de rencontrer des personnalités exceptionnelles de l’art contemporain, du design, de la culture et de la science.
Depuis le 11 mai, les galeries réouvrent et offrent toutes sortes d’initiatives aux amateurs. Ce week-end , le Marais inaugurait une nouvelle application à télécharger MARAIS GUIDE , c’était « dimanche 24 mai », de nombreuses galeries du Marais étaient ouvertes. Ambiance masquée et ensoleillée pour ces retrouvailles déconfinées.
Anna Tuori – Galerie Suzanne Tarasieve
Dilecta
Premier arrêt chez DILECTA https://editions-dilecta.com/fr/, à la fois galerie et maison d’édition, fondée en 2005, éditant des livres d’artistes contemporains et proposant des éditions limitées de Jean-Michel Othoniel, Laure Prouvost, William Kentridge, Anish Kapoor… une mine de beaux livres d’art.
Nicolas d’Hervillers – Remake (2015-2020) ; Exposition Mémoires empruntées – Galerie Dilecta jusqu’au 1er août 2020
Ravie de retrouver les ciels de Nicolas Dhervillers, vus aux Serres de Pantin à l’occasion de cette superbe exposition Jardinons les Possibles orchestrée par les curatrices Isabelle de Maison Rouge et la regrettée Ingrid Pux qui s’est éteinte si prématurément ces derniers jours.
Cette exposition est intitulée Mémoires empruntées, elle devait commencer le jeudi 19 mars 2020 ! Heureusement, elle est prolongée et c’est possible de regarder cette série Remake 2015-2020, des petits bouts de ciels étendus au pastel par l’artiste presqu’à l’infini. Pour sa série Transfer l’artiste aime revisiter la photographie, capturer une vulgaire image google map sur internet et lui donner vie sur un beau papier, le résultat donne cette impression d’ancienneté des gravures noir et blanc du XIXe siècle.
New Galerie
New Galerie, exposition Smells like teen spirit avec des photographies de Larry Clark, Robert Mapplethorpe, Patty Smith, Martin d’Orgeval…
Larry Clark « Untitled (Kids) 1995 Prtfolio de 15 C. Prints. Chaque : 38,7 X 47 cm. edition de 25
Martin d’Orgeval « Voyelles » 2020 Daguerrotype. Pièce unique
New Galerie – Rideau en fer de la galerie peint par Zevs / Zone expérimentale visuelle et sonore.
La galerie participe avec l’artiste ZEVS, (voir rideau de fer de la galerie) à#RestonsUnis, une initiative de Emmanuel Perrotin qui ouvre tout l’été sa galerie de l’espace Saint Claude à 26 autres galeries parisiennes. Les premières à ouvrir le bal sont les galeries Sarah Benichou, Franck Elbaz, Crèvecoeur, Antoine Levi, Balice Hertling et Semiose. https://leaflet.perrotin.com/fr/view/10/restons-unis-emmanuel
Galerie RX
Arrêt à la galerie RX qui ouvre la saison déconfinée avec une rétrospective de l’artiste actionniste autrichien Herman Nitsch, commissariat par : Denise Wendel-Poray. Son oeuvre vient d’enrichir les collections du Centre Pompidou avec deux « Films », l’un de 1965, l’autre de 1988, relatant deux actions. Cette exposition présente les « dessins informels » de l’artiste, tous installés côte à côte. Dans une pièce à part, la galerie présente les sculptures en bronze de Christian Lapie, les gouaches de Lee Bae et Joël Andrianomearisoa qui avait participé à la dernière Biennale de Venise, pavillon de Madagascar.
A gauche : Joël Andrianomeariso
Au centre Christian Lapie. bronze.
Lee Bae
Hermann Nitsch -200 dessins désignés par l’artiste comme « ses gribouillages »
La promenade continue chez Suzanne Tarasieve qui prolonge l’exposition de Anna Tuori, artiste finlandaise qui vit à à Helsinki, Ailleurs et dans un autre temps jusqu’au 6 juin 2020
7 rue Pastourelle -75003 Paris
Anna Tuori
Recommandations de a galerie avec un dessin pour l’occasion de Neal Fox
28 portraits de femmes photographiées par Sylvia Galmot, des actrices comme Isabelle Adjani, Sandrine Bonnaire, Alexandra Lamy… et d’autres femmes moins connues mais très engagées sur les droits de la femme, tous ces portraits sont exposés sur les grilles du Palais de Justice de l’île de la cité, L’inauguration a eu lieu à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. Un message d’espoir. Exposition jusque fin juin et plus peut-être.
L’artiste a utilisé les cadenas du Pont des Arts et Solferino pour réaliser cette maison installée place du Palais Royal, entre le Conseil d’Etatet le Louvre. Oeuvre d’art, Manifeste ? cette oeuvre est très symbolique, surtout après ce confinement.
L’attachement, le cadre de l’habitation, nous avons eu le temps d’y réfléchir pendant ces deux mois.
Carmen Mariscal est une artiste franco-mexicaine, engagée dans la cause féminine, elle vit à Londres.
Lafayette Anticipation, un accès limité mais possibilité de faire une visite guidée gratuite individuelle avec un médiateur de l’exposition Rachel Rose. 9 rue Plâtre 75004 Paris
Lafayette Anticipation, un accès limité mais possibilité de faire une visite guidée gratuite individuelle avec un médiateur de l’exposition Rachel Rose. 9 rue Plâtre 75004 Paris