The Gaze of Sévérine Le Grix de la Salle Si j’avais envie d’avoir quinze ans le temps d’une lecture, je choisirais… Deux basiques : J.R.R Tolkien Le Seigneur des Anneaux POCKET D’abord, « Le Seigneur des Anneaux » pour réapprendre le pouvoir d’un livre et la capacité fantastique d’un auteur à inventer un monde, jusqu’à sa langue et sa grammaire. Pousser cette porte et partir très loin depuis son lit ou son canapé, en français ou en anglais si on veut s’y remettre. Puis la base, L’Illiade et l’Odyssée (version Contes et Légendes). Homère a tout inventé, tout écrit, c’est le premier livre du monde. Tous les mythes y sont, qui structurent encore aujourd’hui notre civilisation. Incroyable d’actualité des millénaires après. C’est aussi un super livre palpitant de batailles, d’amour, de guerres, de jalousie avec des monstres, de Dieux et des héros qui valent tout Hollywood réuni. Ensuite, quelques livres sur l’amour… Barjavel La nuit des temps POCKET Pour apprendre (ou réapprendre) à draguer : La Chartreuse de Parme, de Stendhal. Fabrice Del Dongo est un énorme séducteur devant l’éternel, virevoltant et drôle, à qui il va arriver plein d’aventures. Mais pour commencer, lire et relire (voire réciter dans un dîner, succès garanti) le premier paragraphe, une construction en entonnoir géniale, dont voici la première phrase : « Le 15 mai 1789, le général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait de passer le pont de Lodi, et d’apprendre au monde qu’après tant de siècles, César et Alexandre avaient un successeur. » Ça claque. Pour s’émerveiller devant l’amour qui résiste à tout, La nuit des temps, de Barjavel. Au cours d’une mission d’exploration au pôle Sud, l’équipe découvre une civilisation engloutie et des amoureux éternels. De la science-fiction romantique, un soap- opéra en la majeur. Et puis, parce que les chagrins d’amour existent, Tristan et Iseult, pour se consoler : il y a toujours pire que le nôtre, et c’est beau comme toutes les histoires tragiques. Puis je voyagerai sans bruler de carbone : Gabriel García Márquez Cent ans de solitude Éditions POINTS Embarquer avec Ernest Hemingway, dans Le vieil homme et la mer. A Cuba, sur l’eau, un des plus beaux textes sur le courage humain. Des souris et des hommes, de Steinbeck, plonger dans la crise de 1929 aux Etats-Unis et se rappeler la force de l’amitié. Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, d’Harper Lee, grand classique de la littérature américaine, éclairage d’hier sur les sujets raciaux toujours brulants aujourd’hui, à travers le regard d’une petite fille. Pour se promener en l’Amérique Latine, Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Histoire dingue, drôle et tragique d’une famille sur plusieurs générations en Colombie, et la révélation de ce style unique, le réalisme magique. Luis Sepúlveda Le vieux qui lisait des romans d’amour Éditions POINTS Un voyage à poursuivre avec un petit livre très court, dont le titre est déjà une invitation : Le vieux qui lisait des romans d’amour, de Luis Sepulveda. Pour se promener dans la savane africaine, suivre Patricia, l’héroïne du Lion de Kessel. S’approcher des lions, du Lion surtout, et des Massaï, une tribu fascinante par leurs traditions toujours vivaces et leur beauté surnaturelle. Un petit tour en Asie centrale avec Samarcande, d’Amin Maalouf. Un petit livre éclairant sur l’histoire de ces contrées méconnues, leurs traditions poétiques, culturelles, scientifiques, religieuses qui étaient si en avance sur leur temps. Passage par la Russie, avec Guerre et Paix de Tolstoï, vraie saga familiale à l’époque de Napoléon Ier, à lire comme un feuilleton (comme l’œuvre de son copain Alexandre Dumas). Federico Garcia Lorca Romancero gitan FOLIO Pour revenir en Europe et comprendre pourquoi l’Espagne est un pays intense et puissant, un livre de poésie, Romancero Gitano, de Federico Garcia Lorca. Il y a des éditions traduites bien sûr, qui apposent poèmes en espagnol et en français (Celui d’Antonito El Camborio est mon préféré, un beau gitan qui se fait arrêter par la Guardia Civil). Je relirai avec mes yeux d’adulte quelques basiques français qui m’ont tellement ennuyé à l’école. Alors que… Honoré de Balzac Le Colonel Chabert M.G. Éditions Alexandre Dumas, n’importe lequel. Ça cavale, ça rebondit, c’est mieux qu’une série Netflix. Des aventures par milliers et toujours en trame de fond, un morceau d’histoire de France : Henri IV et le massacre de la Saint Barthélemy, Louis XIII, Richelieu et les diamants de la Reine sur fond de guerre avec l’Angleterre, la fin de l’empire de Napoléon Ier…Attaquer le XIXème siècle avec La bête humaine, d’Emile Zola, un vrai polar au temps où le monde était fasciné par les locomotives et la puissance de l’industrie mécanique. Le plus poignant (et court) des romans de Balzac, le Colonel Chabert. Un soldat donné pour mort lors des guerres napoléoniennes revient sur ses terres. Le monde a continué à tourner sans lui, ça ne va pas bien se passer…Et bien sûr Les Misérables ou Notre Dame de Paris de Victor Hugo ou Pierre et Jean, de Maupassant. Un zeste d’évasion et de science-fiction George Orwell 1984 FOLIO Vendredi ou la vie sauvage de Michel Tournier. L’histoire de Robinson Crusoé, un peu revisitée mais toujours aussi puissante. Au-delà de la débrouillardise pour survivre, une vraie réflexion sur ce qu’est être sauvage ou être civilisé. Un Jules Vernes, qui a tout inventé ou presque, rendez-vous sur la Lune ! Moins gai mais trop juste, 1984 d’Orwell. Préface et prévisions noires de la civilisation numérique. Pour essayer de comprendre le mal Primo LEVI Si c’est un homme POCKET L’étranger, d’Albert Camus. Parce que le mal se cache dans la banalité, chez les hommes ordinaires et qu’il faut le savoir. Le mal avec un grand M : quelques livres parmi des milliers sur la Shoah : Le Journal, d’Anne Franck et le sac de billes, de Joseph Joffo. Puis deux, dont les auteurs n’avaient qu’un peu plus de quinze ans : Être sans destin, d’Imre Kertèsz, et Si c’est un homme, de Primo Levi. C’est parfois insoutenable et c’est aussi une façon d’apprendre l’humanité. Et quelques polars pour se détendre ! Steig Larsson Les hommes qui n’aimaient pas les femmes ACTES SUD Tous les Arsène Lupin, de Maurice Leblanc ou toute la série Millenium, de Stieg Larsson !
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