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Channel: THE GAZE OF A PARISIENNE
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De la performance sportive à la performance artistique, « des EXPLOITS, des CHEFS-D’ŒUVRE» s’exposent à Marseille

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THE GAZE OF MARIE SIMON MALET Marseille, ville antique, mythique, énergique, lumineuse et bleue (marine méditerranéen et ciel du club de foot de l’OM) a le vent en poupe et son fan club : sportifs, artistes contemporains, créateurs et couturiers s’y rencontrent. Chanel y organise le défilé de sa collection Croisière 2024/2025 sur le toit de la Cité radieuse du Corbusier, le 2 mai. Le 19M (lieu de création et de transmission des métiers d’art créé par la Maison) en profite pour faire escale au Fort Saint-Jean et proposer exposition et ateliers participatifs. Depuis le 26 avril, un projet culturel d’envergure, « des exploits, des chefs-d’œuvre », tient la forme olympique ! Un défi à la hauteur de la cité phocéenne   Puisque Marseille doit sa naissance aux grecs, puisque le 8 mai 2024, le trois-mâts, le Belem, dernier des grands voiliers de commerce français du XIXe siècle encore en activité, accostera au Vieux-Port pour déposer la flamme olympique dans les mains du relayeur Florent Manaudou, puisque des épreuves nautiques et de football des JO 2024 s’y tiendront, il s’agissait de relever le gant. La ville de Marseille peut s’enorgueillir d’accueillir la plus grande exposition d’art contemporain de l’Olympiade culturelle 2024.  Cette exposition se visite en trois lieux, du 26 avril au 8 septembre 2024. Trois expositions en une, donc, à parcourir en partant de la Joliette où se trouve le Frac Sud–Cité de l’art contemporain (Fonds régional d’art contemporain) passant par le quartier de Bonneveine pour le mac- Musée d’art contemporain de Marseille- nouvellement rénové, et finir au Mucem, Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. L’exposition s’accompagne aussi de diverses manifestations : entre autres, « la régate des Armoires Bateaux » de l’artiste Olivier Tourenc (pour les enfants), une déambulation acrobatique dans la ville (Parkour PK13), L’effort moderne de l’artiste plasticien Laurent Perbos sur le parvis du Musem, un assemblage de terrains de jeu, rouge jaune, bleu, blanc, comme un tableau de Mondrian à plat et animé d’amateurs zélés. Connaissez-vous l’Olympiade culturelle ?  Depuis plus de deux ans, avec les Jeux Olympiques et Paralympiques pour cible, sous la houlette de leur directrice, Dominique Hervieu, chorégraphe, ex directrice du Théâtre national de Chaillot puis de la Maison de la danse et de la Biennale de la danse de Lyon, l’équipe de l’Olympiade culturelle compulse des projets tous azimuts pour élaborer une programmation artistique et culturelle pluridisciplinaire. Plus de 2 000 propositions émanant de grandes institutions et de musées, d’artistes, performers, danseurs, musiciens sont prévues, en amont et pendant toute la durée des jeux 2024, et ce, dans la France entière. À Marseille, le Frac Sud-Cité de l’art contemporain a pris le projet à bras le corps et a invité le critique d’art et commissaire d’expositions, Jean-Marc Huitorel, auteur de nombreux ouvrages sur l’art et le sport (dont La Beauté du geste, l’art contemporain et le sport, éditions du Regard, 2005) à concevoir une exposition sur les liens entre les deux disciplines.   Art contemporain et sport = même combat ? L’univers du sport est riche de graphismes, couleurs primaires et de symboles. C’est un répertoire de formes, en mouvement ou statufiées; il partage avec l’art, cet intérêt pour le corps dans l’espace, l’expression corporelle, dramatique et fugace. Il y a entre les sportifs et les artistes une autre accointance : celle de la réalisation d’une performance, avec ce que cela suppose de dépassement de soi, d’inconnu, d’aléatoire, de création unique et spectaculaire. Mais au-delà de cette source d’inspiration et de ces enjeux communs, y aurait-il une autre dimension ? Art contemporain et sport renoueraient-ils avec la philosophie des Jeux de l’Antiquité grecque ? (avec une unicité perdue, puisqu’à l’origine, les Jeux Antiques célébraient à la fois le corps et l’esprit). Jean-Marc Huitorel nous avertit :  « Difficile de trouver, hormis quelques exceptions, univers plus éloignés, plus étrangers l’un à l’autre, que ceux de l’art et du sport .»  Alain Séchas – Vue de l’exposition Des exploits, des chefs d’œuvre, Tableaux d’une exposition- MAC – au fond au centre : La Monitrice, acrylique sur toile, polyester, acrylique, 2004. Collection du FDAC de l’Essonne – Département de l’Essonne, Chamarande.©Marc Domage L’un relevant, dit-on, de « la culture savante », l’autre, de « la culture populaire ». Un large démenti est ici proposé : une joyeuse diversité de formes, de thématiques, d’interprétations et de techniques traverse ces 350 œuvres réalisées par 100 artistes internationaux.  Pour clarifier le propos, les trois espaces ont chacun leur spécificité et leur titre :  au Frac Sud, « l’Heure de gloire » présente des installations réparties sur trois plateaux et leurs terrasses. Au mac, « Tableaux d’une exposition » est exclusivement consacré à la peinture (hormis les sculptures extérieures de Stefan Rinck, un Barry Flanagan de la collection du British Council et la Monitrice d’Alain Séchas), et au Mucem, « Tophées et Reliques » explore les croyances et les fétiches dans un match entre  œuvre et objet vernaculaire où l’on s’amuse à démêler le vrai du faux.  Surfaces de réparation C’est donc la première fois que les trois musées marseillais se réunissent pour déployer une exposition triptyque consacrée aux liens entre art et sport. Jean-Marc Huitorel, avec son verbe ultra rapide et enjoué de commentateur sportif, la décrit, non comme une illustration, mais plutôt une table de matières à réflexions et questionnements. Une œuvre juvénile de l’un des derniers artistes vivants du Nouveau Réalisme, Gérard Deschamps (âgé de 88 ans), accueille le visiteur à l’entrée du Frac Sud : des bouées, canards géants et autres animaux en caoutchouc se prélassent dans la piscine.  Passé ce bain de jouvence, l’immense cyanotype (à ce jour, le plus grand au monde) qui est le négatif d’un filet de tennis, rend hommage à Althea Gibson (1927-2003), l’une des premières athlètes africaines américaines à avoir joué au tennis au niveau international et remporté un titre du Grand Chelem. L’essentiel du travail de l’artiste Jeremy John Kaplan choisit le sport comme sujet et outil pour revisiter une certaine histoire des États-Unis. Il n’est pas le seul à évoquer l’histoire, les droits, les victoires ou l’aliénation; au MAC, Hank Willis Thomas présente deux immenses tirages de sa série, Football and Chain. D’autres jouent avec l’humour et la dérision, telle Bianca Argimón et son baby-foot, Materazzi, 2017, où les footballeurs, tous à terre, se tordant de douleur, déboulonnent la figure du footeux héroïque.  Fidèle à sa mission de démocratisation culturelle et de soutien aux talents émergents, le Frac réserve son dernier étage aux étudiants de l’école Supérieure d’art d’Aix-en-Provence, On ira dormir sous les tribunes est le titre choisi pour leur installation collective. Artistes athlétiques Au Frac, la vidéo de Camille Llobet, Faire la musique, 2017 est stupéfiante. Entre deux piles d’un pont, dans un décor urbain neutre et un peu hostile, des athlètes de haut niveau s’adonnent à une séance d’entraînement mental. Au maximum de la concentration, les yeux fermés, ils répètent, dans le vide, les gestes de leur sport… Chorégraphie énigmatique et étrangement belle. Au MAC, l’immense dessin de 5 mètres de Jean Bedez, Murmuration au cent sonnets, 2023, (inspiré d’un recueil de poésies de Boris Vian) tient, lui aussi, de la prouesse vertigineuse.  Parmi la riche collection de ce musée qui a réouvert ses portes il y a un an, les tableaux de Christian Babou, Guillaume Bresson, Nina Childress, Raoul de Keyser, Antonio Recalcati, Alain Séchas et encore d’autres réunissent une équipe de sportifs et sportives imaginaires dans laquelle, là aussi, l’humour est souvent de la partie.  Enfin, au Mucem, la mythologie étant entraîneuse de l’art et des exploits, un polyptyque des Unes du journal L’équipe aux titres olympiens, « Dieu est mort » ( Maradona 26 11 2020), « Herculéen »(Nadal 2019) et autres, « immortels », « Divin », « la Divine », « Paris vaut bien un Messi » (9 08 2021) fait face aux skates en céramique de Bruno Peinado (2003), aux gants de boxe de Marcel Cerdan ou à la vraie-fausse raquette de tennis, Iceborg, 1974, du collectif Panchounette… Entre court-circuitages, parodie et figuration libre, les artistes contemporains se qualifient en pole position. L’Heure de gloire au Frac Sud – Cité de l’art contemporain / Commissariat : Jean-Marc Huitorel Muriel Enjalran Trophées et reliques au Mucem, Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée / Commissariat Jean-Marc Huitorel Jean-Fabien Philippy Tableaux d’une exposition au [mac] Musée d’art contemporain de Marseille / Commissariat : Jean-Marc Huitorel Stéphanie Airaud

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